Spectacle conçu d'après une libre adaptation du roman de Franz Kafka, mise en scène de Sylvain Maurice, avec Nadine Berland, Marc Berman, Émilie Bobillot, Arnault Lecarpentier et Philippe Rodriguez-Jorda.
Après "La chute de la maison Usher" adapté d’une nouvelle de Edgar Allan Poe, Sylvain Maurice poursuit son exploration de la théâtralisation de la littérature fantastique avec une libre adaptation du roman "La métamorphose" de Franz Kafka.
L'intrigue de cette nouvelle de Kafka, dont l'oeuvre repose sur le paradoxe psychanalytique de l'innocent coupable, l'étranger en déréliction dans son propre univers, et du rapport au père-ogre, tient, entre autres, à la révélatio
n sur la monstruosité psychologique de la famille névrosée, sclérosée et pathogène. Et c'est cette seule trame, celle de la révélation par la métaphore de la monstruosité physique, que conserve Sylvain Maurice qui indique clairement sa démarche dans sa note d'intention : avec une "écriture volontairement lacunaire", "...plutôt que de mettre en scène un huis-clos psychologique, je propose une plongée dans l'étrangeté".
En conséquence, le spectateur ne doit pas être en situation passive d'attente au regard d'une transposition théâtrale des thématiques traitées par Kafka mais en état d'interactivité pour projeter ses peurs sur le cadre-écran imaginé par le metteur en scène
Pour cette immersion dans l'inquiétante étrangeté, Eric Soyer a conçu un décor tournant dans les tonalités de noirs et de gris avec plusieurs espaces scéniques parallèles réduits à leur plus simple expression - dont une armoire "à malices" avec trappes et double fond investie par le monstre - influencé par le cinéma expressionniste avec les lumières blafardes d'outre tombe de Yann Loric et le cinéma surréaliste par l'emploi de la vidéo avec le procédé de la caméra subjective.
Les officiants - Marc Berman, le père hostile, Nadine Berland, la mère impuissante, Emilie Bobillot, la soeur aimante qui devient haineuse, Philippe Rodriguez-Jorda, le fils cancrelat, et Arnault Lecarpentier, la bonne pragmatique - font des apparitions au gré de brèves saynètes fantasmagoriques.
Telle "La chute de la maison Usher", la "Métamorphose " de Sylvain Maurice confine à l’exercice de style avec un travail conséquent sur la forme. Un bel objet scénique qui ressortit davantage au cinétique qu'au théâtral et dont il ne faut pas attendre plus que ce qu'il annonce - une coquille vide - pour un hand-made mental pour spectateur averti.
|