Je me faisais une joie de découvrir cet album d'Alan Moore, l'auteur de romans graphiques aussi majeurs que Watchmen ou V comme Vendetta qui vient de sortir un roman, Jerusalem, retraçant sur plus de mille pages l'histoire d'un quartier de Northampton.
Monster est un recueil de la série éponyme qui a été publiée dans les numéros du magazine Scream! puis dans le magazine Eagle. L'épisode inaugural montre un jeune garçon de douze ans, Kenny, qui creuse un trou pour y enterrer son père, devant une maison qui aurait pu être habitée par Norman Bates. Le ton est donné dès ces quelques cases, nous sommes dans une série d'horreur comme on les aime. La tension va grimper encore quand Kenny monte à l'étage afin de découvrir ce qui a tué son père et... c'en est fini pour la partie d'Alan Moore. Eh oui, tel un paquet de chips Lay's que l'on découvre rempli à 90% d'air en l'ouvrant, on a l'impression de s'être fait duper puisque qu'Alan Moore n'a scénarisé que le premier chapitre de cette série !
Mais revenons-en à cet épisode : la créature qui se trouvait depuis la naissance du jeune Kenny dans son grenier (une maison délabrée mais qui avait une meilleure isolation phonique que mon plafond, donc) était en fait son oncle difforme, Terry. Une lettre posée judicieusement dans la maison par la défunte mère de Kenny lui explique que c'est maintenant à lui de s'occuper de cet oncle - un mix de Quasimodo (pour l'aspect difforme) et de créature du Dr Frankenstein (pour la force hors du commun). Terry ayant l'homicide facile, il va s'ensuivre une course-poursuite entre les forces de l'ordre et le duo neveu / oncle à travers le Royaume-Uni des années 80, et même jusqu'en Australie.
Il faut savoir passer outre l'aspect découpage en chapitres de la série (avec des petits résumés dans le genre "Dans l'épisode précédent..."), ainsi que le côté répétitif du scénario des successeurs de Moore (Alan Grant et John Wagner) : tel un binge-watching des premiers South Park où l'on entend régulièrement "ils ont tué Kenny !", ici c'est le petit Kenny qui est régulièrement en mode "Oh mon Dieu, oncle Terry tu as encore tué !".
Monster prend ainsi les allures d’une course-poursuite qui ne vous fera pas faire de cauchemars, mais dont le trait du dessin (l'auteur s'appelle Heinzl) est suffisamment plaisant pour qu’on savoure comme il se doit cette version dessinée d'un Penny Dreadful... comme un paquet de chips Lay's, en somme. |