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puce Pascal Pistone & Delphine Lavergne
F..k the Jazz !  (Petit Théâtre du Bonheur, Paris)  dimanche 3 juin 2018

Joindre l’utile à l’agréable, l’officiel au bohème, le classique à l’impro : Pascal Pistone aime briser les chapelles et multiplier les casquettes, avec comme fil conducteur la volonté de partager et faire dialoguer les genres artistiques. Directeur à l’Université de Bordeaux d’une licence "Musiques actuelles, Jazz et Chanson" qui forme les élèves aux métiers de la musique et les fait bucher sur de grands auteurs (Cf. son colloque sur Allain Leprest, chroniqué ici il y a trois ans, il est artiste lui-même et tourne en ce moment la bagatelle de trois spectacles mêlant chanson, musique savante, et un ingrédient rarement présent dans ces domaines : l’humour débridé.
 
F…k the Jazz ! se présente comme une conférence musicale à la fois érudite et ludique. Pistone et sa complice Delphine Lavergne font d’abord réagir le public, notent sur un tableau des mots proposés par les spectateurs en association au terme "jazz". Puis piochent dans leur vaste répertoire de quoi illustrer, contredire ou dériver sur les thèmes suggérés. Montrer qu’on se fait une idée trop solennelle du jazz – et des musiques savantes en général. Que celles-ci peuvent être traitées de façon joueuse, avec le plaisir pour maître mot. Ironisant sur les arts "sérieux", il suggère aussi, entre les lignes, qu’on a tort de rabaisser la chanson à un divertissement mineur.

Entre les évocations de standards – Ellington, Gershwin – les deux musiciens illustrent ce qu’il peut y avoir de funky dans le minimalisme d’un Steve Reich, s’amusent à jazzifier "Carmina Burana", démontrent que la chanson rive gauche poétique n’a rien à envier, en termes de désespoir évocateur, à un lament bluesy. Pistone chante avec légèreté et joue du piano en virtuose. Delphine Lavergne  pianote sur l’accordéon (à une main), tapote des percus (à un pied), sifflote de la clarinette, flûte, harmonica… et mille autres interventions diverses, ponctuant les emballements du maître de cérémonie d’une touche de légèreté. Et quand elle le rejoint in fine au piano pour un ragtime endiablé, on comprend qu’elle ne faisait pas figuration.

Pascal Pistone fait mine de lire des lettres adressées par les institutions défenseuses du jazz, du classique, de la chanson d’expression, horrifiées d’un tel melting pot. Il en rit et accentue le trait : "Ces gens-là", joué "façon Herbie Hancock", est transfiguré. Autre grand standard brélien, la "Valse à mille temps" est revivifiée par une mise en scène absurde : Pistone, au fil des couplets-refrains, arbore différents couvre-chefs (cowboy, tyrolien, etc.) et chante avec l’accent idoine. C’est idiot mais contagieux, le public se déchaîne. Plus loin, une interprétation toute en sensibilité des "Feuilles mortes" dépasse le côté carte-postale-récupérée-par-l’Amérique : soudain, on n’est plus dans un quartier touristique so frenchy (Montmartre) mais chez Prévert – aussi magnifiquement servi par une lecture (à voix décalées) d’"Etranges étrangers". Pistone revient à ses premières amours : il chante Leprest avec conviction, se trompe un peu à la fin d’"Il pleut sur la mer" (personne ne remarque), mais réussit "Je ne te salue pas".

On en ressort dans un état paradoxal : lessivé (à cause de la canicule, doublée d’une configuration de salle – plutôt une cave – étouffante) et ragaillardi (par la fraîcheur du propos). Avec la sensation d’avoir finalement moins entendu une conférence satirique sur le jazz qu’une déclaration d’amour à la chanson…

 

Nicolas Brulebois         
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Du côté de la musique :

"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts
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et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
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"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die

Au théâtre :

les nouveautés :

"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
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