Réalisé par Gaston Duprat. Espagne/Argentine. Comédie. 1h41 (Sortie le 6 février 2019). Avec Guillermo Francella, Luis Brandoni, Raul Arévalo, Andrea Frigerio, Maria Soldi, Julio Marticorena, Melina Matthews et Pablo Ribba.
On avait beaucoup aimé le précédent film de Gaston Duprat, "Citoyen d'honneur" qui comptait les mésaventures d'un prix Nobel de littérature argentin revenant dans son village d'origine.
"Un coup de maître" n'a pas un scénario aussi original, mais une fois dans le film, on ne regrettera pas d'y être entré.
Certes, l'histoire du peintre Renzo Nervi, un peu misanthrope et beaucoup escroc, et réciproquement, n'apprend pas grand-chose sur les dérives du marché de l'art et rappelle par moments les romans de Patricia Highsmith dont on est tiré "L'Ami américain" de Wim Wenders ("Ripley s'amuse" et "Ripley et les ombres"), mais on prend vite plaisir à y paresser.
D'abord, et avant tout, grâce à la présence des deux duettistes argentins Guillermo Francella, qui joue Arturo Silva, un marchand d'art peu recommandable mais tout de même bien sympathique, et Luis Brandoni, qui incarne le guère plus recommandable Renzo Nervi, pas vraiment mû par l'amour platonique de l'art pour l'art ! Le couple qu'ils forment est irrésistible. On n'oubliera pas le troisième larron, Alex (Raul Arevalo), aussi lunaire et abruti que les deux précédents sont atrabilaires et filous.
A mettre aussi au crédit d' "Un coup de maître" de Gaston Duprat, une magnifique photographie, autant pour filmer les tableaux (plutôt joliment colorés) censés rapporter le gros lot aux deux amis que pour s'attarder sur les paysages vraiment magnifiques de la région de Jujuy au Nord-Ouest de l'Argentine où Renzo Nervi poursuit sa carrière post-mortem...
Ce "film good movie", pour transgresser la trop employée expression, sait aussi brouiller les pistes et éviter les poncifs. Ainsi, on ne dira pas ce qu'il adviendra du personnage d'Alex quand il aura découvert la supercherie, mais Gaston Duprat et son scénariste Andres Duprat sauront éviter les manigances sanglantes de Tom Ripley.
Au passage, on signalera qu'Andres, le frère de Gaston, est par ailleurs directeur du "Musée des beaux-arts" de Buenos Aires... Ce qui donne un peu plus de crédibilité à toute la dernière partie où l'on voit le monde de l'art s'activer pour faire de Renzo Nervi un "grand peintre contemporain"...
"Un coup de maître" de Gaston Duprat vaut le déplacement d'autant plus que, pour une fois, ni Ricardo Darin ni aucun membre de sa famille n'y apparaît. |