Depuis longtemps, Marc Sens est un peu le protégé de Serge Teyssot Gay.
Marc Sens et ses expérimentations instrumentales ne pouvait se trouver meilleur parrain, en effet, qu'un autre bricoleur sonore que le guitariste de Noir Désir dont les quelques écarts solo ont prouvé qu'il avait sous la pédale d'effets plus d'une corde à ses guitares et que le carcan de luxe du groupe bordelais ne lui suffisait pas toujours pour s'exprimer plus personnellement.
Multipliant les collaborations (et pas seulement parce que Cantat est sous les verrous), il signe ce Zone Libre de son nom aux côtés de Marc Sens et Cédric Bilbeaud.
Mais Zone libre, c'est quoi ?
C'est avant tout un objet. Une pochette cartonnée illustrée avec soin et à l'ambiance noire qui tient autant de "Delicatessen" que des "Ailes du désir". C'est aussi des titres en forme de slogans qui ne semblent souffrir la moindre discussion.
Zone Libre, c'est aussi peut-être un état d'esprit, un territoire dans lequel tout est permis, pendant que d'autres sont privés de leur liberté, va savoir. Zone libre, c'est un nom militant, un signe de résistance. Forcément.
Musicalement, Zone Libre s'affranchit des habituels canons de la pop et du rock. C'est avant tout des sons, des bruits, des rythmes. Rarement des mélodies, jamais des couplets / refrains.
Instrumentaux, les titres s'enchainent, les guitares grincent, se répondent dans des sortes de spasmes ("L'épidémie humaine") sous contrôle, confinant parfois à une sorte de musique new age électrique et barrée. Parfois, on perd le fil et on se sent bien seul face à ces gens qui ont l'air de savoir pourquoi ils traitent aussi mal leurs instruments. On ne rentre jamais vraiment dans ces luttes sonores expérimentales et c'est dommage tant on imagine la démarche sincère.
En attendant que Bertrand Cantat rejoigne la zone libre, on peut toujours écouter "Avant d'en finir avec les actualités" ou "Nous sommes les seuls voyageurs" sur lequel ne manque que le chant chamanique d'un David Eugene Edouard ou d'un Bertrand Cantat, plus accessibles et même réussis qui brisent un peu le malaise présent sur le reste du disque, sorte de musée d'art moderne sonore. |