Spectacle
performance conçu par Stéphane Olry et Corine
Miret, mis en scène par Stéphane Olry, avec Hubertus
Biermann, Sandrine Buring, Elena De Renzio, Jean-Christophe
Marti, Corine Miret et Stéphane Olry.
Sur le sol du Théâtre Paris-Villette, tout au
long de la pièce, les comédiens disposent des
morceaux de tissu ou de moquette. La scène se transforme
alors en un ensemble de champs du plat pays vus du ciel. Puis
sont disposés des maquettes de maisons et des bandeaux
de tissu gris, les routes. Le paysage se construit au fur et
à mesure que le temps se déroule.
Au centre de la scène, Corine Miret, la narratrice,
se tient droite, immobile. L'auteur et metteur en scène,
Stéphane Olry, explique les règles du jeu que
lui et sa partenaire se sont fixés : Corine Miret est
partie, seule, durant sept semaines s'installer dans un village
de l'Artois, une région où elle est étrangère
et où elle ne connaît personne. Son but est de
s'isoler de ses amis, de quitter son environnement familier,
d'établir des contacts avec les habitants puis d'envoyer
à Stéphane Olry des cassettes enregistrées
sur un dictaphone afin qu'il écrive un texte à
partir des anecdotes qu'elle lui racontera, mais surtout qu'il
retranscrive par le biais de l'écriture les émotions
qu'il ressentira à travers le filtre des enregistrements.
Il est en cela aidé par un musicien, Jean-Christophe
Marti, qui fera improviser aux acteurs des morceaux, a capella,
en polyphonie.
La difficulté de ce spectacle/installation/performance
consiste à traduire en mots ce qui relève presque
exclusivement du ressenti, d'exhumer de la matière à
partir de presque rien. Le metteur en scène fait le choix
de ne pas intégrer de dialogues mais de faire réciter
aux acteurs ce qui relève du monologue intérieur.
Or en choisissant d'aborder l'écriture de son texte sous
cet angle, il efface le principe de la rencontre qui devrait
pourtant être l'un des éléments essentiels
de l'exercice qu'il s'impose. Que reste-t-il alors dans la peinture
que Stéphane Olry élabore à partir de son
matériau ? Il reste l'Artois, et surtout l'impression
d'un quotidien, à l'image du paysage, sans beaucoup de
relief, comme englué dans l'habitude.
Corine Miret a beau avoir, durant son voyage, effectué
des rencontres et tissé des liens, seuls deux personnages
périphériques à l'aventure se trouvent
dotés de la parole. Leur vision de Corine Miret est celle
d'une étrangère, qui le restera forcément
puisqu'elle est appelée à repartir.
Au final, la pièce distille une impression de doux
ennui à peine troublé par quelques interventions
du metteur en scène et du musicien qui, au fur et à
mesure que se déroule le spectacle, expliquent leurs
intentions en matière de scénographie. Peut-être
est-ce en effet un des sentiments vécus par Corine Miret
lors de son immersion au cœur de la vie du village, mais
un traitement plus frontal des liens qui se nouent entre elle
et les habitants aurait peut-être amené plus de
matière à l'exercice. |