Inutile de répéter une fois encore combien le segment de la folk musique est encombrée ces temps-ci. Pourtant, Dolorean y croit insolemment et dans cette veine débordante fournit avec The Unfazed, son quatrième album.
Originaire de Portland, le quintet officie depuis une décennie. A sa tête, Al James le chanteur/compositeur/guitariste donne la direction et assume le leadership. Cinq ans après leur précédent album, The unfazed regroupe dix titres folks avec une pincée de country et sans contrariété pop. La guitare acoustique, le slide, les cordes, le piano feutré, tous les ingrédients du genre sont là.
Et ça commence pas mal avec "Thinksinned", un titre mi-tempo, classique dans sa facture, qui sent bon (pour changer) les grands espaces américains. Le violon en fond mélodique, l’acoustique claquante, assument complètement leur rôle assigné. Moins percutant (tout étant relatif), "Country clutter" plonge rapidement l’auditeur dans une demi-somnolence finalement assez agréable. "The unfazed" ressemble étrangement au premier titre, ça ne décolle jamais vraiment, comme un avion qui déciderait de prendre l’autoroute, un TGV qui emprunterait les rails du tramway. On sombre alors rapidement dans un état d’indolence extrême.
"Hard workin dogs" promet lui aussi un envol mais le bout de piste n’arrive jamais. On reste sur sa faim comme si le Flamby restait au frigo à la fin d’un repas. La voix du chanteur contribue à cet état de fait. Certes jolie, il lui manque un soupçon de tension ce qui n’aide pas vraiment l’ensemble. Alors au bout de 5 titres, "Fools gold ring" finit par nous achever. On retrouve sensiblement les mêmes artifices. Mêmes structures, tempos similaires, intentions identiques, et comme leitmotiv à presque chaque intro, une voix qui précède de quelques (micro)secondes la musique. Le principe devient vite agaçant.
Arrivé à la moitié de l’album, on en connait déjà la fin. Du coup un LP qui ne démériterait pas en EP. Comme il ne faut pas s’attendre qu’une cafetière à filtre donne un expresso, le combo produit un album sans déviations mais aussi sans grand relief. Beaucoup moins prétentieux que d’autres groupes s’essayant à ce style, Dolerean fait un travail honnête, ni surprenant, ni (trop) décevant, tout dépend des attentes initiales.
Au final, un bouquet de chansons sympathiques mais à ne pas écouter à la suite. Un petit morceau par ci, un autre quelques jours plus tard par là et c’est parfait. A donc saisir d’une oreille distraite. |