Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Georges Perec, mise en scène de Anne-Marie Lazarini, avec Stéphanie Lanier, Michel Ouimet et Andréa Retz Rouyet.
"Les Athévains proposent un voyage dans l’espace pour le modique prix d’une place de théâtre. Aucun entraînement requis, excepté l’exercice de la mémoire et du sens."
Ainsi pourrait-on annoncer "Espèces d'Espaces", ce spectacle étrange, qui tient de l’expédition, de l’itinéraire descriptif, du périple amoureux en Langue française.
Georges Perec, météore d’écrivain, auteur de "La vie, mode d’emploi", explore les évidences comme des rues maintes fois traversées et en révèle la complexité, que le mot simple travestit. Le mot devient chose et objet, et la vie, une traversée magnifiée par l’observation, les "Lieux d’une fugue", pour parapher son autobiographie posthume.
Au service de cette croisière initiatique en mots croisés et symboliques, Anne-Marie Lazarini a opté pour une mise en scène magique, ponctuée de chutes d’objets, comme des mots qui se concrétiseraient en matière, traversée d’images, balayées par un Cerveau-émetteur, ponctuée de déménagements divers, pour ne pas se "cogner aux meubles" en passant d’un espace l’autre. C’est intelligent et de plus en plus efficace.
Trois merveilleux comédiens, Michel Ouimet, un homme des mots, sensible, nuageux et soudain dense, Andréa Retz-Rouyet, dans le rôle de la vieille dame digne qui prend garde de ne pas rouler sur les objets, faisant mine d’hésiter pour mieux révéler ce qu’elle a toujours su, et Stéphanie Lanier, charmante et étonnée, dans le rôle de l’enfance et de la surprise, magnifient le texte de Perec.
La belle scénographie de Dominique Bourde et de François Cabanat, aux douces lumières finales d’un soupirail, contribue à la réussite d’un spectacle saisissant, qui entraîne l’âme, élève vers des espaces intimes et soudain réveillés. |