"La musique de Poulenc me touche particulièrement par sa clarté, son rapport direct au texte, aux mots et aux images qu’elle suggère, sa liberté de ton, son mélange singulier de ferveur et de sensualité" Mathieu Romano

"Si j’étais entré dans les ordres, vocation qu’hélas ! je n’ai jamais eue, c’eût été sûrement chez les Franciscains". Francis Poulenc

Entre Mathieu Romano, son Ensemble Aedes et Francis Poulenc (1899-1963), c’est une indéfectible histoire d’amour. Une histoire qui se prolonge dans ce disque, avec la soprano Marianne Croux, l’organiste Louis-Noël Bestion de Camboulas, l’orchestre les siècles. Un disque consacré à son Stabat Mater mais dans lequel on retrouve également ses Litanies à la Vierge noire et O doulx regard, o parler gratieux de Clément Janequin.

Même si Claude Rostand, le critique et ami du compositeur a eu un jour ce mot : "il y a chez Poulenc du moine et du voyou", Francis Poulenc était fasciné par l’intensité de la foi et par son dépouillement.

En août 1936, Poulenc est bouleversé par la mort dans un accident de voiture du compositeur Pierre-Octave Ferroud. Au même moment, il séjourne avec des amis dans le Lot. À cette occasion, il visite le sanctuaire de Rocamadour et sa Vierge Noire. Ce sera une révélation. Le compositeur emporte avec lui une image pieuse avec, au dos, les Litanies à la Vierge Noire. Dans les jours qui suivent, il les met en musique, en restant au plus près du texte. La prière sera poignante d’humilité, d’une ferveur limpide, d’une "dévotion paysanne" (héritée de son père).

Pour la mort de son ami "bébé" Christian Bérard, Poulenc ne composera pas un requiem lui préférant le Stabat Mater. "Dès la mort de Christian Bérard, je décidai d'écrire à sa mémoire une œuvre religieuse. J'avais d'abord songé à un Requiem mais je trouvais cela trop pompeux. C'est alors que j'eus l'idée d'une prière intercessionnelle, et que le texte bouleversant du Stabat me parut tout indiqué pour confier à Notre-Dame de Rocamadour l'âme du cher Bérard". Toute l’ambiguïté, entre gravité et "légèreté" de Poulenc se retrouve ici, sa richesse harmonique et mélodique également.

L’interprétation ? Elle est subtile, profonde, lumineuse, et convient parfaitement donc à ces œuvres. Mathieu Romano a cherché et a trouvé "la pureté de la ligne et de la polyphonie, la transparence du son".

Le lieu, l’abbaye de Royaumont, a également son importance, son acoustique, sa spiritualité. Superbe.