Réalisé par Dyana Gaye. France/Sénégal. Drame. 1h28 (Sortie 29 janvier 2014). Avec avec Ralph Amoussou, Mareme Dembaly, Souleymane Seye N’Diaye, Babacar M’Bayle Fall et Maya Sansa
On avait dit, en son temps, tout le bien qu’il fallait penser d’ "Un transport en commun" le moyen-métrage de Dyana Gaye, dans lequel une balade en taxi-brousse devenait un moment à la fois épique et cool, propice à rendre hommage à Jacques Demy et à humer l’air rafraîchissant d’une Afrique montrée pour une fois par ses bons côtés.
En passant au long-métrage, non seulement Dyana Gaye tient ses promesses mais, en plus, elle fait preuve d’une maîtrise surprenante pour sa première grande expérience.
Car "Des étoiles" est un film ambitieux qui mélange trois histoires se déroulant dans trois lieux différents et où s’entremêlent de nombreux personnages. Plus qu’un "film-chorale", on a envie de parler de "film-concert"..
Dyana Gaye suit Thierno, Sophie et Abdoulaye, tour à tour à New York, à Dakar ou à Milan. Dans ce récit multiple qui parle, entre autres, de racines et de destinations, de retours et de départs, de vies nouvelles, de traditions et de transgressions, pas de place pour le drame définitif mais beaucoup de temps pour que chacun trouve son chemin, dépasse sa souffrance ou ses préjugés, comprend ce qu’il veut ou ce qu’il peut.
Fonder un couple mixte à Milan, revenir en Afrique, partir aux Etats-Unis y tâtonner entre la côte Est ou la côte Ouest, tout cela se fait au gré du hasard et des rencontres, des intuitions et des déceptions.
Dyana Gaye aurait pu appeler son film, à l’instar de Jim Jarmusch, "Un jour sur la Terre". La force de son cinéma, c’est à la fois un regard d’une intense bienveillance, une croyance dans des récits "cools" rejetant toute dramaturgie, toute parole grandiloquente.
Quand ses personnages découvrent l’île de Gorée, lieu abominable de la traite négrière, la vérité historique énoncée est dédramatisée par les bavardages touristiques, par cette belle journée où il n’y a pas que du malheur.
Sans jugement moral, aimant tous ces personnages, Dyana Gaye préfère montrer les solidarités humaines que les lignes de fracture raciales. Pour elle, les préjugés peuvent toujours être combattus.
"Des étoiles" de Dyana Gaye n’est pas pour autant un film angélique et elle comprend que les fins peuvent justifier certains moyens. Ainsi, pas de commentaire quand l’immigrant sénégalais vole son compatriote à New York pour pouvoir atteindre le but de son rêve, de son voyage, la côte Ouest.
Beau, limpide, illuminé par des visages radieux, "Des étoiles" rend heureux et l’on espère que Dyana Gaye, dès ce premier long-métrage, va s’imposer. Que ceux qui auront lu ces lignes prennent leurs responsabilités : c’est en allant voir des films comme celui-là qu’ils contribueront à ce qu’ils deviennent la règle plutôt que l’exception.
Il faut aider Dyana Gaye à vivre une longue vie cinématographique. Son cinéma lumineux le mérite amplement. |