Le 5 avenue Marceau, siège de la maison de couture fondée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé convertie en fondation en 2004, qui présentait des expositions temporaires, abrite désormais le Musée Yves Saint Laurent.
Le 5 avenue Marceau, siège de la maison de couture fondée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé convertie en fondation en 2004, qui présentait des expositions temporaires, abrite désormais le Musée Yves Saint Laurent.
Ce musée est dédié à la conservation d'un patrimoine riche des milliers de modèles conçus pendant les cinq décennies d'une création et d'une carrière exceptionnelles et au rayonnement de l'oeuvre de celui qui fut surnommé le "Petit Prince de la haute couture".
L'institution se déploie sur deux niveaux superbement scénographié par Nathalie Crinière
Complémentaire à celui ouvert le 19 octobre 2017 dans sa résidence marocaine, la Villa Oasis sise dans le Jardin de Majorelle à Marrackech, pour lesquels Pierre Bergé, son indéfectible compagnon de route, a oeuvré depuis le décès du couturier en 2008 sans avoir pu assister à leur inauguration, ce musée, placé sous l'emblème de leurs deux effigies, présente les fondamentaux artistiques de Yves Saint Laurent ordonnés autour de son studio-bureau.
En premier lieu, avec les tenues qui ont défini le "style Saint Laurent" dans les années 1960, et notamment celles qui repose sur la déclinaison du jeu masculin/féminin avec la réinterprétation au féminin de pièces du vestiaire masculin comme le smoking, la saharienne, la combinaison "jumpsuit" et le trench-coat.
Son exigence de beauté et d'élégance se manifeste notamment par le travail du noir profond et du blanc lumineux pour revisiter l'Histoire de la Mode et du Costume, dans laquelle il a inscrit son nom, en épurant et contemporanéisant les lignes telle la robe de mariée de 1994 reprenant les codes du 17ème siècle.
Mais il s'avère également un maître de la couleur éclatante et ose des associations chromatiques singulières et audacieuses qui s'épanouissent dans des collections placées sous le signe de "l'exotisme" avec la déclinaison du répertoire de formes et de motifs traditionnels des pays étrangers, de l’Espagne à la Chine.
Ainsi, l'ensemble du soir "Torero", la cape "Bougainvillées" et son tropisme marocain, la robe gitane à motifs arlequin, la veste chinoise brodée de fleurs et de papillons et le manteau à la russe révèlent ses sources d'inspiration qui avaient fait l'objet en 2007 en ce lieu d'une exposition intitulée "Voyages Extraordinaires".
Par ailleurs, amateur d'art éclairé et grand collectionneur, comme Christian Dior qui fut son maître, ses affinités artistiques participent également à l'enrichissement de son univers créatif et, sont présentés, en résonance avec la toile" Instruments de musique sur un guéridon" de Picasso, quelques modèles inspirés par Picasso, Matisse et Mondrian.
Ceux, citant Nietzsche, qu'il considérait comme ses "fantômes esthétiques" participant de sa vie et de son oeuvre sont ainsi évoqués en 2002 dans son message d'adieu à la conclusion proustienne ("Les plus beaux paradis sont ceux qu'on a perdus") dont est diffusée en boucle la troublante et émouvante captation.
Et pour accéder à cet espace, le visiteur aura traversé une salle à la double thématique.
D'une part, elle est consacrée aux arts graphiques, avec les dessins de costumes et décors conçus par Yves Saint Laurent pour la scène, du théâtre à la revue de music-hall.
D'autre part, aux artisans des métiers d'art avec un florilège de bijoux somptueux, outre l'emblématique collier-talisman "Coeur" ("Quoi de plus beau pour une femme que de nouer autour de son cou une passion en guise de coeur ?" réalisé par la Maison Scemama) et mis en majesté dans une salle précédente, accessoires qu'il considérait comme indispensables, présenté sous forme d'un éclatant cabinet de curiosités qui rend également hommage aux artisans des métiers d'art.
* également conceptrice de la scénographie de l'exposition "Christian Dior - Couturier du rêve" qui se tient jusqu'en janvier 2018 au Musée des Arts décoratifs |