Réalisé
par Roberto Rodriguez. Mexique. Drame.
Durée : 1h45. (Sortie 1er décembre 2010). Avec Danny Trejo, Jessica Alba, Michelle Rodriguez, Robert de Niro, Steven Seagan, Lindsay Lohan, Jeff Fahey et Cheeh Marin.
"Machete". Prononcez Ma-ché-té. En un mot, Roberto Rodriguez plante l’atmosphère d’un film qui fera passer ceux de son compère Quentin Tarantino pour des exercices philosophiques.
Machete, c’est Danny Trejo, le cousin du réalisateur. Une gueule. Un lieu commun vient juste après : une gueule qu’on n’oublie pas. Ravagée, ailleurs, entre celle du SDF dans ses cartons et son vomi, celle du hardeur coincé entre deux blondes siliconées et celle d’un condamné à mort dans le couloir du même nom.
Il faut dire qu’avant d’être sauvé par le cinéma, qui, aujourd’hui, à 66 ans, en fait une inimaginable tête d’affiche, Danny Trejo a connu la prison, la défonce, les bas-fonds. C’est peut-être pour ça qu’il peut jouer sérieusement les justiciers mexicains décapitant à la machete tout ce qui se trouve à sa portée vengeresse.
Si on n’a pas l’esprit farce, mieux vaut rester extérieur à ce ballet d’hémoglobine grand-guignolesque.
Une fois de plus, Roberto Rodriguez réussit ce qu’ils sait faire le mieux : la parodie de films que personne n’a jamais tourné. Même si on peut lui trouver un vague cousinage avec le cinéma d’un autre mexicain, Ismael Rodriguez, le réalisateur excelle à faire croire qu’il s’inspire d’un genre qui n’existait pas avant qu’il n’excelle à faire croire à son existence.
C’est en cela qu’il est un grand cinéaste. Bien plus intéressant que son copain Quentin perclus de palmes d’or et d’oscars. Roberto Rodriguez n’a rien de tout cela. N’oublions pas qu’il est plus mexicain qu’américain et cela nos amis étasuniens ne l’oublient pas, eux.
Alors, pour faire exister le Mexique, expliquer et exprimer sa colère sur les problèmes qu’ont les Chicanos et les immigrants mexicains au pays de la terre prétendument promise, il lui faut user de toute la brutalité aberrante de Machete.
Tant mieux pour les amateurs de cinéma B ou Z, pour les fans d’un cinéma zarbi totalement voué au divertissement. Machete est à l’origine la bande-annonce d’un faux film contenu dans le précédent film de Rodriguez, "Boulevard de la terreur". On y retrouve la marque de fabrique de la mouvance Rodriguez-Tarantino qui cherche à amalgamer l’esprit bédé, celui du cinéma B et une grosse dose d’absolue déconnade potache.
Plus encore, Rodriguez sait donner à ses films au casting royal (de De Niro à Steven Seagal, Lindsay Lohan et Don Johnson), à ses films sans doute coûteux où les cascades et les explosions sont légions, l’esprit des petites productions fauchées à trois pesos.
D’aucuns ajouteront qu’à l’instar de Tarantino souffle dans Machete l’esprit rock’n'roll (version tacos) et que la manière de Rodriguez d’utiliser la culture la plus populaire est bienvenue et rafraîchissante à l’ère d’un cinéma engoncé dans les effets spéciaux et esclave de l’ère technologique.
Il suffit de voir le corps exagérément tatoué de Danny Trejo et de se remémorer la galerie de personnages qui gravite autour de lui pour apprécier la contre-proposition libertaire de "Machete".
Viva Machete... et Viva Mexico ! |