Si notre Jojo national n'est visiblement Jamais seul (contrairement à moi qui suis visiblement la seule personne de la rédaction à avoir osé écouter la bête), il n'est pas forcément bien entouré.
J'en veux pour preuve, l'apparition à ses côtés de Yodelice et de Mathieu Chedid (pourtant excellent à une époque).
Néanmoins, si l'on en croit les dernières news people, Johnny fit une apparition en Suisse pour purifier voire changer de sang (rapport avec l'album Sang pour sang ? Ho Marie si elle savait !), alors à quoi bon se munir de nouveau de sang neuf, avec cette équipe finalement intriguante ? Car il s'agit bien d'intrigue pour le coup, la question étant : pourquoi écouter le nouveau Johnny Hallyday ? Y a-t-il un interêt, au final, à se pencher, à écrire sur ce genre de disques ?
Il faut aussi se demander pourquoi ce disque marche, un fan de Johnny est-il encore exigent, à une époque où on l'imagine beauf, avec un mulet et une carte de l'UMP ? (Vous avez 4 heures !). Ma foi, autant qu'un fan, de plus en plus déchu, des Rolling Stones, qui se complaisent dans une sorte de chansons niaises guimauve FM, à prôner que "L'amour est fort et que ma fiancée est jolie dans la rue de l'amour".
Pathétique.
Malheureusement pour Jojo, les Stones sont anglais et s'il est possible de faire abstraction des paroles sur leurs dernières production, l'opération est bien plus délicate pour lui. Sur ce dernier opus, notamment, Johnny semble, définitivement, ne plus se rendre compte des âneries que les compositeurs de variétoche lui pondent (on se souvient, à ce sujet, d'Hamlet, cet opéra rock hallucinant de médiocrité jouissive d'où résultait un bon disque singulier). Alors pourquoi les chante-t-il ?
On frôle le ridicule avec le premier morceau "Paul et Mick" avec ce refrain gueulé "Y'a pas de polémique", mais instrumentalement le morceau tient très bien la route, avec une intro de
cymbales bruitistes et un riff hard rock bien lourd et surprenant à la croisée du blues. Le pire reste à venir avec "Dandy" et ses choeurs affligeants, "England" (en duo avec Mathieu Chedid), ou "Tanagra" avec un texte salace,
vulgaire, où l'on parle d'avoir la gaule en regardant des guiboles...
Pourtant, la voix de Johnny est efficace,
il reste un grand chanteur et semble y croire, contrairement aux disques précédents où l'on peinait à trouver une once d'émotion. Jojo hurle parfois à la mort, les chansons "Jade Dort" et "Jalousie" sont étonnantes et sincères mais Optic 2000 rôde. Et c'est bien dommage, car à force d'avoir été un pantin, il est difficile de voir le personnage sous un autre angle.
Mais c'est aussi pour cela qu'il parvient à faire mouche, sur un titre comme "Vous n'aurez pas ma peau". Et c'est en cela que ce disque n'est pas mauvais, puisque voyant venir le bout de la route 66, Johnny semble essayer de faire le point sur lui-même, de s'interroger sur le confort du voyage, de savoir si tous les détours étaient nécessaires, pour finalement essayer de boucler la boucle en beauté. Car le disque est un retour aux sources, un retour sur la véritable identité musicale de son auteur, le blues et le rock'n' roll, et voila pourquoi, comme dit précédemment, ce disque est rondement mené au niveau des compositions et est, sans trop de probleme, son meilleur depuis au moins 20 (voire 30 ans). Les fans en auront pour leur argent, et ce disque inespéré n'est vraiment pas un simple pretexte pour une énième tournée des stades. |