En presque dix années de carrière, de The Graceful Fallen Mango premier disque sorti par Longstreth sous son propre nom à ce Swing Lo Magellan, les Dirty Projectors ont marqué la musique par leurs enregistrements faits d’une musique complexe et tentaculaire aux concepts souvent étranges. Quelle direction pouvait prendre le groupe après avoir ré interprété plus ou moins de mémoire et avec malice Black Flag, enregistré un disque avec Björk, chanté la vie de Don Henley, fait exploser les codes et les couleurs de la pop ?
Pour Longstreth, la réponse semble évidente et simple : se concentrer sur le songwriting. Plutôt que d’imaginer un concept général qui engloberait l’intégralité du disque, écrire chaque titre individuellement. Pour autant, loin d’être une mosaïque de chansons, Swing Lo Magellan garde une vraie cohérence, captant l’attention et l’esprit dès le premier titre. Plus simple, si on peut parler de simplicité, la musique des Dirty Projectors est particulièrement plus directe, presque dépouillée. Mais attention le groupe continue de triturer et de jouer avec les codes ! Canalisant sa créativité, David Longstreth parvient à mixer soixante années de musique américaine mélangeant gospel, jazz, doo-wop, noise, folk, girl groups des années 60, Bernstein, Sonic Youth et Bob Dylan.
Peut-être moins expérimental mais tout aussi génial et pourtant âpre et rocailleux, Swing Lo Magellan nous emmène toujours là où on ne s’y attend pas, en suites d’accords plus malicieuses et subtiles qu’improbables, en sonorité et en rythme saccadés. Surtout, le chanteur des Dirty Projectors ne craint pas de se mettre à nu pour écrire avec profondeur des chansons sur l’amour, la mort la peur, le doute ou la foi… Et c’est en cela que ce Swing Lo Magellan est marquant, c’est de montrer que derrière la folie créatrice et bouillonnante de Longstreth se cache un incroyable songwriter capable d’inventer une nouvelle orthographe au mot chanson. |