Un peu d'électro de temps en temps, ça n'a jamais fait de mal. Au contraire, parfois c'est même très agréable. Surtout quand, comme c'est le cas ici, il s'agit d'une électro qui n'est pas taillée pour les dancefloor mais plutôt pour des écoutes solitaires et attentives.

Alors je pourrais vous parler dans un premier temps des 7 précédents albums de Rabeyrolles, tous sortis sous divers noms d'emprunt mais il se trouve que je ne les connais absolument pas. Comme ça, on évacue d'emblée le sujet.

Ceci dit, à l'écoute de celui ci on pourra tout à fait avoir envie d'aller jeter une oreille rétrospectives car #8 s'avère intéressant et plein de références, la plus évidente donnant d'ailleurs le titre à un des morceaux, "Listening to Tago Mago" (est-ce utile d'ajouter qu'il s'agit d'une pièce maîtresse de la discographie des allemands de Can ?).

Rabeyrolles mélange aisément et naturellement des mélodies pop, voire très pop ("Your energy"), à des arrangements plus tordus qui, au lieu de déstabiliser, donnent de l'air à ses compositions qui auraient sans doute l'air, sans cela, de capsules sonores inaccessibes comme "Instable drive", un peu plus hermétique de prime abord, jouant dans la même catégorie que les noirceurs darkwave de Section 25 (une autre epoque certes, mais pas plus que Can), par exemple.

Rabeyrolles maîtrise parfaitement ses machines et jamais ses compositions ne se transforment en un tour de force ou une démonstration technique, à tel point que tous ces sons deviennent naturels pour nous. On n'ira pas imaginer une seule seconde qu'il manque au milieu de tout cela des instruments dits traditionnels, tout simplement parce qu'ils ne manquent pas.

Toujours sur le fil, entre musique experimentale et chansons pop, #8 devrait autant combler les amateurs de pop atypique que les fans de sons synthétiques nés de l'esprit de Rabeyrolles (même si on retrouve des grandes tendances au gré des influences évoquées plus haut).

Un bon disque d'électro qui se démarque des habituels stéréotypes du genre (boom boom d'un côté et expérimentations confinant à l'abstraction musicale d'un autre). Un juste milieu mais pas un album tiède pour autant. Un bel équilibre et un musicien inspiré, tout simplement.