Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Albert Camus mise en scène de Benoit Verhaert, avec Stéphane Pirard, Benoit Verhaert et Lormelle Merdrignac.
Quelles que soient ses qualités philosophiques, métaphysiques voire politiques, le théâtre camusien, essence du théâtre d'idées, passe mal la rampe et, a fortiori, ses opus littéraires.
Alors il faut la foi du missionnaire de Benoît Verhaert comédien et metteur en scène originaire de Belgique pour transposer sur scène l'un de ceux-ci, et de surcroît, "L'étranger", récit diégétique sans intrigue qu'il est difficile de traduire en parole théâtrale.
Le personnage-titre, Meurault, épris d'absolu, dépourvu d'affect et incapable de mentir pour travestir la réalité est un personnage de papier qui sert de véhicule à des idées. Etranger au monde, du moins à la comédie sociale, indiquant lui-même vivre comme un mort, il ne se conforme pas aux normes et valeurs ambiantes ce qui induit une réaction violente du corps social qui va jusqu'à l'exclusion définitive.
Dans ce roman qu'il résumait d'une phrase elliptique, "Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort", et qui renvoie à la comédie sociale s'imposant aux individus, Albert Camus décline également sa théorie de l'absurde de la vie et du destin de l'homme soumis à un déterminisme athée, car résultant d'un enchaînement de faits, qui ne lui laisse aucune échappatoire.
L'adaptation de Frédéric Topart et Benoît Verhaert, qui se concrétise par une partition courte qu'ils veulent didactiques et présentent comme devant susciter le débat, ne démérite pas mais ne parvient pas à lever l'obstacle inhérent à la nature de l'oeuvre originale.
Benoît Verhaert, assure la mise en scène dans un registre de l'entre-deux avec le jeu distancié de Stéphane Pirard - en contrepoint avec celui plus réaliste de Lormelle Médrignac et lui-même campant tous les autres protagonistes - qui parvient à ne pas chercher à incarner une figure sans réelle corporéité de Meursault. |