Peut-on échapper à son enfance ? nous interroge le bandeau qui entoure l’ouvrage de Marie Simon qui vient tout juste de sortir aux éditions Autrement. Le titre de cet ouvrage, Une gifle, avec une couverture superbe je trouve qui convient parfaitement à ce que l’on va trouver à l’intérieur de l’ouvrage.
C’est une histoire d’amour particulière que va nous raconter l’auteure, une histoire qui nous montre comment une femme est passée du meilleur au pire, du paradis à l’enfer, d’une femme qui a su se sortir de cet amour synonyme d’enfer en refusant l’insupportable.
Cette femme, dans l’ouvrage, c’est Chloé. Chloé a connu quelques histoires d’amour malheureuses, de l’une d’entre elles est né un enfant. Lorsqu’Antoine la rencontre et qu’il tombe amoureux, c’est comme si le désir venait combler tous les manques. Antoine, médecin, est parent d’un enfant aussi. Une famille recomposée à quatre se met en place. La vie prend très vite pour elle les couleurs d’un bonheur simple. Cela devient très vite le temps d’une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d’enfance (d’où le bandeau du livre).
Malheureusement, chacun porte ses fêlures, ses failles intimes qui les ont construits et déconstruits dans leur jeunesse. Antoine a connu une enfance compliquée autour d’une mère soumise à son mari violent. Chloé est un peu dans la même situation car elle a eu aussi des parents violents qui pensaient que l’argent suffirait à la rendre épanouie et que cela pourrait remplacer l’amour. Evidemment, ce manque d’affection va guider ses recherches amoureuses une fois adulte, expliquer ses mésaventures amoureuses et expliquer sa situation avec Antoine.
Après le temps des amours, du bonheur, se met en place la spirale de la violence et survient alors la première gifle, celle qui va tout détruire. Très vite, l’humiliation revient et les souvenirs réapparaissent.
Evidemment, on pourrait se dire que ce type d’histoires, une femme battue qui a connu la violence enfant et l’homme qui la bat aussi, n’est pas d’une grande originalité. Ce n’est évidemment pas faux mais ici l’intérêt du livre ne repose pas que dans l’histoire mais dans la réflexion qui se dégage de cette histoire.
Marie Simon traite ce sujet avec intelligence sans misérabilisme, en nous montrant l’importance de l’enfance dans la construction de l’adulte. Mais en même temps, elle nous montre aussi que l’on peut se sortir de ces souffrances enfantines, les dépasser et rompre avec la fatalité qui nous laisse penser que l’on a tendance à reproduire ce que l’on a vécu. Marie Simon cherche à apporter un message d’espoir à celles qui pourraient se reconnaître dans la vie de Chloé.
Récit d’une implosion, la gifle écrit la façon dont l’histoire individuelle façonne les êtres jusqu’à parfois tout contaminer : les bonheurs intimes, la vie psychologique et la façon d’aimer. |