Voilà encore un ouvrage qui me fait sortir de ma zone de confort, celle des romans "classiques" et / ou autres livres d’histoire avec celui d’un auteur parisien, Antoine Brea, déjà auteur de romans, de novellas, de textes courts et de textes poétiques. Ici, avec L’instruction, c’est un roman empruntant parfois au documentaire que l’auteur nous propose. C’est un roman qui se construit autour d’une enquête, de la reconstruction d’une enquête qui n’a pas abouti, narrée par un juge d’instruction inexpérimenté.
Ce jeune magistrat tout juste sorti de son école, c’est Patrick Favre et il vient tout juste d’être nommé en banlieue parisienne. Son prédécesseur, s’étant donné la mort, il hérite de cette enquête criminelle non résolue, relance l’instruction qui va mettre à l’épreuve ses convictions, son métier, sa famille, son milieu, jusqu’à l’histoire de son pays.
On apprend qu’Herzog, son prédécesseur s’est épuisé jusqu’à la mort pour tenter de résoudre la mort d’un détenu emprisonné pour crime sexuel qui s’est fait agresser par d’autres prisonniers. Reprenant ses carnets d’enquête, il va vite découvrir que ce dernier était surveillé, approfondir ses dossiers et interroger de nouveaux témoins.
L’ouvrage ne se démarque pas par son rythme effréné. Au contraire, il est marqué par une certaine lenteur (est-ce un hommage à notre justice qui se caractérise aussi par une extrême lenteur) qui n’est pour autant pas un obstacle à la lecture puisque ce n’est pas un polar mais plutôt un ouvrage qui nous parle de la justice et de l’univers carcéral.
L’ouvrage nous permet aussi de bien appréhender le métier de juge d’instruction, une fonction à la fois complexe et peu connue, du moins dans ses détails. On découvre aussi d’autres métiers de la justice comme celui de greffier ainsi que son organisation et notamment son jargon bien spécifique, présent dans l’ouvrage sans être trop rébarbatif.
Ce roman, proche du documentaire très souvent, ravira ceux qui s’intéressent à la justice et son fonctionnement. Il est aussi une analyse de notre univers carcéral, décrit comme un univers en grande difficulté qui n’échappe pas aux magouilles et à la corruption (comme le monde politique aussi dont parle aussi l’ouvrage).
L’instruction est au final un ouvrage très surprenant, dans le bon sens du terme, un ouvrage qui n’est pas très tendre sur notre société, qui brille par son réalisme concernant nos institutions, un ouvrage qui critique sans juger. Je vous invite donc à le découvrir pour vous faire un avis, cela vous permettra en même temps de découvrir peut-être la maison d’édition qui le publie. |