Vous connaissez tous, je suppose, ma passion pour ce chanteur français disparu l’an dernier pendant le confinement. Christophe est un artiste qui m’aura accompagné tout au long de ma vie, de ma plus tendre enfance où j’écoutais ses disques dans la voiture de mon père, de ma vie d’étudiant quand je fredonnais ses chansons en très bonne compagnie le soir sur les plages bas-normandes jusqu’à des périodes plus récentes où je prenais un très grand plaisir à écouter ses derniers albums dans mon salon.
Alors l’arrivée d’une biographie du maître ne pouvait m’échapper. Christophe s’apprêtait à publier ses souvenirs quand la mort l’a emportée. Ses souvenirs, et cet ouvrage paraissent donc à l’occasion du premier anniversaire de son décès, publié chez Denoël. A l’intérieur de cet ouvrage, nous retrouvons les souvenirs incandescents de la plus singulière étoile de la chanson française.
Esthète, décadent, obsessionnel, Christophe était un artiste unique, le seul à avoir jeté un pont entre variété et musique expérimentale, le seul à réunir dans ses concerts (des performances poétiques et intimes) un public transgénérationnel et hétéroclite, amateur de tubes autant de frisson underground.
Dandy moderne, il a traversé avec élégance les époques sans jamais se démoder des années 60 et 70 marquées par le succès de "Aline" et de "Les mots bleus" à sa réinvention en icone de la chanson française dans les années 2000 sous l’impulsion de la jeune génération, notamment Sébastien Tellier.
Ce dont nous parle l’ouvrage c’est une existence hors cadre, à contretemps et toujours sur un fil. Christophe s’y dévoile sans filtre, sans jamais se renier. Il nous offre ses souvenirs qui dessinent une autre histoire de la chanson française de ces cinquante dernières années, dont il fut une des plus singulières étoiles.
En lisant l’ouvrage, je me suis rendu compte de la grande sensibilité de cet artiste, mieux compris pourquoi il se couchait si tard, avait tendance à vivre la nuit. Christophe nous parle de son père, de sa famille, de la création du titre "Aline", de sa rencontre avec Jean-Michel Jarre. J’ai découvert certaines de ses amitiés que je ne connaissais pas. J’ai été surpris d’apprendre qui était l’un de ses meilleurs amis, un artiste dont je ne vous dévoilerai pas le nom pour vous donner envie de lire l’ouvrage (voilà quand même ses initiales, D.C, car je sais que cela ne vous permettra pas de le découvrir). On y découvre aussi ses inimités avec un chanteur français célèbre (ici pas d’initiales car vous trouveriez direct qui il est).
Christophe nous parle de son âme collectionneuse, de sa passion pour le juke-box mais aussi pour toutes les sortes de clavier. Il nous parle aussi beaucoup des femmes, de son côté fétichiste, beau parleur mais aussi beau menteur. Le grand amour de sa vie fut Véronique, la mère de sa fille Lucie qui vécut avec lui pendant trente ans.
Sa rencontre avec Bashung, la création de l’album Bevilacqua, sa passion pour les voitures et Enzo Ferrari, sa fille Lucie, son amour du poker, les paradis artificiels, le superbe album Aimer ce que nous sommes construit comme un film sont autant de chapitres passionnants que l’on trouve dans l’ouvrage.
Christophe nous dévoile aussi les artistes qu’ils aimaient comme Sébastien Tellier, David Bowie, Massive Attack, Muse ou encore Lou Reed. La fin de l’ouvrage est constituée d’un recueil de poèmes qui nous prouve que l’artiste, en plus d’être un grand compositeur était aussi un grand écrivain.
L’ouvrage, particulièrement touchant, fait partie de ceux que je vais garder précieusement dans ma bibliothèque. |