Pour fêter leur 100ème publication, les éditions de La Contre Allée ont fait le choix de publier le premier roman de Guillaume Aubin, L’arbre de colère. Ecrivain, Guillaume Aubin avait pour l’instant écrit des nouvelles publiées chez Buchet-Chastel.

L’arbre de colère a pour point de départ un voyage au Québec réalisé en 2017, suite à l’obtention d’une bourse pour financer un projet littéraire au Québec. Lors de ses recherches, l’auteur s’intéresse très vite à une île gigantesque érigée au milieu de la forêt suite à la chute d’un astéroïde, apprenant que ces terres sont les terres historiques du peuple innu, un peuple nomade. La magie du lieu, combinée à l’histoire de cette culture, donne les grandes lignes du roman.

Un roman autour d’un personnage principal, fille rousse, née dans une tribu amérindienne du Canada, qui grandit avec les garçons, s’adonnant avec joie à la chasse, la pêche et la course. Lorsqu’elle observe les groupes de femmes, elle pense que rester au campement n’est pas fait pour elle.

Dans l’esprit du chamane de la tribu émerge alors l’idée que la petite fille, dont la naissance est nimbée de mystère et dont le parcours étonne, pourrait être une Peau-Mêlée, un être à part, homme et femme à la fois. Si certains dans la tribu acceptent sa nouvelle condition, d’autres doutent et ne cessent de mettre la jeune fille à l’épreuve.

Vous l’avez compris, les concepts de genre et de bispiritualité sont au cœur de cet ouvrage, des concepts semblables que l’on retrouve dans la plupart des peuples premiers américains. Roman des grands espaces, qui nous plonge au cœur de la taïga, il nous raconte l’histoire d’une jeune fille dans sa quête de liberté.

Evidemment, le sujet du livre n’est pas particulièrement original, la façon dont ont été traitées les populations amérinidiennes se raconte dans d’excellents livres comme celui de Tommy Orange récemment. Ici, c’est plutôt dans le style, par l’histoire atypique et l’écriture que L’arbre de colère se démarque.

L’écriture "sensuelle" que nous annonce l’auteur est bien au rendez-vous, provoquant une sorte d’envoûtement au fil de la lecture qui n’est pas sans rappeler l’ouvrage de Berengère Cournut, De pierre et d’os. Espérons qu’il rencontre le même succès en librairie, cela serait amplement mérité.