"Vous avez pris pitié de sa longue douleur !
Vous me rendez le jour, Dieu que l'amour implore !
Déjà mon front couvert d'une molle pâleur,
Des teintes de la vie à ses yeux se colore ;
Déjà dans tout mon être une douce chaleur
Circule avec mon sang, remonte dans mon cœur
Je renais pour aimer encore ! (...)
Ah ! si j'ai quelquefois, aux jours de l'infortune,
Blasphémé du soleil la lumière importune ;
Si j'ai maudit les dons que j'ai reçus de toi,
Dieu, qui lis dans les cœurs, ô Dieu ! pardonne-moi !
Je n'avais pas goûté la volupté suprême
De revoir la nature auprès de ce que j'aime,
De sentir dans mon cœur, aux rayons d'un beau jour,
Redescendre à la fois et la vie et l'amour !
Insensé ! j'ignorais tout le prix de la vie !
Mais ce jour me l'apprend, et je te glorifie !"
Hymne au soleil, Alphonse de Lamartine
La lune chez Thomas de Pourquery, le soleil chez Laurent Bardainne. Tous les deux notamment apôtres d’un jazz spirituel, Sun Ra d’un côté Pharoah Sanders de l’autre.
C’est donc le soleil qui irradie ce disque forcément baigné de lumière. Mais ce disque est loin d’être un lieu pour rêvasser béatement. Le lyrisme très soul ici mêle force mélodique et rythmique. Tout ne sera donc que groove, mélodies XL, évocations de l’Afrique, poésie, plénitude, fluidité et sensibilité. Et puis le son, le phrasé, le grain du saxophone ténor de Bardainne, facilement indentifiable. Et ce n’est pas la moindre de ses qualités, comme le fait de sonner facile alors que ce n’est pas le cas forcément. Il n’y a rien de pire que de dire à un musicien "ce que vous jouez semblait si difficile !".
Le tout porté par un groupe de très grande qualité : Arnaud Roulin (orgue Hammond, synthétiseur), Sylvain Daniel (basse), Philippe Gleizes (batterie) et Roger Raspail (percussions) avec un équilibre des voix, même si naturellement le saxophone ténor est mis en avant, une homogénéité du son.
S’il on est frappé par la sobriété de l’écriture, alors même qu’elle porte une marque stylistique très forte, par sa limpidité (dans les lignes mélodiques notamment), elle gagne en efficacité, en force. Dire qu’elle nous emporte, qu’elle nous englobe est un euphémisme. Célébration de la vie, de l’amour, ce disque à la beauté féline est comme du velours.
Entêtant, planant, voilà un disque qui fait du bien ! Comment ne pas se lover dans des titres comme ("Oh Yeah", "Adieu my Lord", "Kenya Sunrise", "Sarang"), voyager ("La vie, la vie, la vie", "Destination Danger", "Jou An Nou Rivé" avec la chanteuse Celia Wa) ou bouger ("Hymne au soleil", "Verte gronouille") ?
Et puis cerise sur le gâteau, "Oiseau" dernier titre où Laurent Bardainne reprenant la trame du premier morceau "Oh Yeah" invite Bertrand Belin avec sa poésie et sa musicalité vocale si particulière.
"Love is everywhere" toujours... Ce disque est génial Oh Yeah !
Entre 2 tours de scrutin, il reste du temps pour découvrir notre sélection culturelle hebdomadaire. Cette semaine, c'est aussi le retour des sessions Froggy et ça fait plaisir !
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