Comédie dramatique d'après le roman éponyme d'Anne Goscinny, mise en scène de David Ruellan, avec Anne Veyry et Wim Hoogewerf. Lettre d’Anne Goscinny à son père René, parti alors qu’elle n’avait que 9 ans, "Le bruit des clefs" n’est ni un hommage, ni une autobiographie, mais bien le récit d’un amour et d’un deuil, à hauteur d’enfant, puis de femme.
Comment se construire lorsqu’on perd son papa si jeune ? Comment se séparer vraiment de lui alors que son œuvre et sa célébrité le maintiennent en vie partout, mais différent de celui qu’on a connu ? Peut-on être heureux à nouveau, alors que chaque première fois est un un évènement qu’il aura manqué ? Avec beaucoup de pudeur, et avec ses mots d’adulte, Anne Goscinny raconte son incompréhension d’enfant, puis sa douleur qui se manifeste dans chaque petit détail du quotidien, comme le bruit de ces clefs qui ne sonnent plus dans le vide poche de l’entrée. Sans pathos, sans colère, elle livre un témoignage lumineux, universel, empreint de résilience et d’une farouche volonté de vivre, malgré ce "mort dans le cartable". La comédienne Anne Veyry se glisse avec souplesse dans la peau d’une petite fille pleine d’humour et d’intelligence. Sa vivacité emporte le spectateur dans un monde où le drame sonne avec douceur. La mise en scène de David Ruellan ancre le récit au travers de plusieurs mots clefs du texte, matérialisés par des pancartes que la comédienne accroche à un grand chevalet, jusqu’à composer une œuvre à part. Oeuvre double et imbriquée : côté pile, celle de Anne qui trouva son salut au travers des mots, de l’imagination et de la création ; côté face celle de René Goscinny, auteur de bande dessiné et dont les personnages continuèrent d’exister après sa mort grâce à la plume d’Uderzo, son grand ami. En fond de scène, Wim Hoogewerf accompagne le texte de sa mélodieuse guitare sèche, et fait tinter à nos oreilles le bruit cristallin de ces omniprésentes clefs disparues. Il se dégage de ce spectacle une douce simplicité qui permettent seules d’atteindre la sincérité nécessaire à un tel récit. Touchant. |