Voilà un ouvrage nous venant tout droit du Québec, publié par un éditeur canadien et écrit par Marie-Anne Legault.
Marie-Anne Legault est originaire de l’Abitibi. Installée maintenant à Montréal, elle est passionnée par la transmission des savoirs et l’écriture. Le Phénix, sorti à la fin du mois d’août est son deuxième roman.
L’ouvrage nous embarque aux côtés de deux amies, l’une travailleuse sociale et l’autre neuropsychologue, qui tentent de percer le mystère d’un sans-abri psychotique et insaisissable qui possède du génie en tout comme la musique, le dessin, la cuisine et les langues. Le surnom de cet homme ? Le Phénix. Que lui est-il arrivé pour qu’il sombre ainsi dans la folie ?
En parcourant l’ouvrage, Marie-Anne Legault nous montre un homme jouant sur un piano du vieux-Montréal, un vagabond à l’esprit torturé qui exécute à la perfection un concerto de Rachmaninov. Et en même temps, cet homme, ce prodige, est incapable de dire son nom ni d’où il vient quand il parvient à transformer un ragoût en repas divin, à solutionner d’impossibles calculs ou encore d’échanger des propos décousus dans n’importe quelle langue. Ce prodige anonyme disperse dans les coins malfamés d’éblouissants graffitis, dont la signature orientale, énigmatique, jette sur lui de lourdes suspicions.
De nombreuses questions se posent ! Qui est donc cet inconnu ? Quels liens le rattachent à une pianiste virtuose, à un pâtissier magistral, à une mathématicienne surdouée et tant d’autres génies dans le monde ?
Pour tenter de résoudre ce mystère, notre improbable duo va alors se lancer sur la piste de l’oiseau rare au travers d’une odyssée nous poussant aussi loin qu’à Babylone, à la conquête des mystères du génie et des vertus salvatrices de l’art.
C’est donc une traque que l’on va suivre, portée par la très belle plume de l’auteur, nous confirmant les belles lettres québécoises (et des superbes publications que l’on trouve de plus en plus venant d’outre-Atlantique). Mais c’est aussi une belle rencontre que nous raconte ce livre, celle de Sarah et de son amie psychologue autour de ce sans abri fréquentant un centre d’accueil à Montréal.
Au-delà de l’écriture, l’ouvrage rayonne aussi par la qualité de sa construction, par l’originalité de sa trame narrative construite tel un puzzle prêt à être assemblé par les deux femmes et le lecteur qui les suit dans leurs recherches. Celle-ci peut s’avérer être parfois déroutante, tout comme l’est le Phénix d’ailleurs mais elle nous ramène toujours vert l’art, au centre du personnage toujours, à sa mémoire et son rapport à l’art. L’enquête s’avère particulièrement passionnante et le livre au final tient le lecteur en haleine du début à la fin. |