Philippe Garnier a été le premier rock critique de sa génération. Né en 1949, il a longtemps été journaliste à Libération (où il signe encore des articles), auteur de plusieurs livres sur la musique et le cinéma. Il est aussi traducteur et passeur de nombreux écrivains américains, de Charles Bukowski à James Salter, en passant par John Fante.
Avec cet ouvrage, l’auteur nous dévoile sa génèse. "J’écris ce livre non pour me faire pardonner, ni pour la faire revivre, mais plutôt comme un tribut à la femme dont j’ai toujours cru tout savoir, et qui m’a surpris jusqu’au bout", nous dit-il.
Neuf mois : c’est le temps qui s’est écoulé entre le moment où Liz est diagnostiquée pour un cancer, et la date de sa mort. Puis les années passent ; le temps pour son mari, le journaliste et écrivain Philippe Garnier, d’accepter cette disparition et d’être capable, enfin, d’en faire le récit en forme d’adieu.
Ils se sont réfugiés dans une maison nichée dans une forêt de séquoias en Californie, près de San Francisco. C’est là que Liz vit ses derniers moments, sous le regard vigilant de Philippe. C’est "La drôle de mort". Dans une seconde partie, "La drôle de vie", l’auteur nous fait partager ce que fut l’existence de ce couple d’écrivains excentriques plutôt que marginaux expatriés aux USA. Car Liz – de son vrai nom Elizabeth Stromme – était une romancière, publiée en France dans la Série Noire. Pudique et souvent déchirant, Neuf mois est moins un livre sur le deuil que l’hommage de l’auteur à celle qui fut la femme de sa vie.
Avec ce très bel ouvrage, particulièrement touchant et rempli d’émotions, l’auteur nous propose le portrait émouvant de celle qui a accompagné une grande partie de sa vie, de celle qu’il a aimée, évoquant les souffrances qu’ils ont connues.
Avoir parfois les yeux embués en lisant cet ouvrage ne sera pas surprenant tant l’auteur arrive par ses mots à nous toucher. Les neuf mois qu’il nous raconte, qui d’ordinaire sont ceux qui donnent la vie sont ici tout l’inverse puisqu’ils amènent à la mort, celle d’Elisabeth, frappée par un maudit cancer.
Alors bien sûr, tout n’est pas sombre dans ce livre qui nous livre "La drôle de mort" mais aussi "La drôle de vie" qui découpe l’ouvrage en deux temps. Ici l’humour est un remède, un moyen formidable de dédramatiser une situation délicate.
Et puis il y a l’amour aussi, au cœur de cet ouvrage, qui nous raconte les ultimes jours de sa femme avec en parallèle des moments de souvenirs d’une vie commune bien remplie, marquée par leur très grande complicité.
Leur volonté de rester à deux jusqu’à la fin, de ne vouloir partager leurs derniers moments ensemble avec personne nous offre de très belles pages, me dévoilant la superbe écriture d’un auteur que je ne connaissais pas. Il y a beaucoup de pudeur dans ce récit de Philippe Garnier qui au final représente un magnifique hommage à la femme qu’il aime. |