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puce Marie-Hélène Viau - Christophe Poulain
Interview  (Paris)  27 octobre 2006

Si dans "L'exil" mis en scène par Idriss au Théâtre du Nord-Ouest dans le cadre du Cycle Montherlant, la mère et le fils ne partagent pas les mêmes manières de voir ce qui rend leurs relations particulièrement violentes, il n'en va pas de même entre les comédiens qui les incarnent.

A la ville, Marie-Hélène Viau et Christophe Poulain partagent la même conception du théâtre et de l'engagement de l'acteur dans la vie de la cité.

Et comment êtes-vous arrivé sur "L'exil" et qu'y a-t-il eu avant ?

Christophe Poulain : Je fais du théâtre depuis l'âge de 11 ans. Ma mère m'a fait faire du théâtre parce que j'étais trop timide et incapable de communiquer avec les gens. Cela m'a plu bien que je n'en ai pas ressenti les conséquences même si on me dit qu'il y en a eu de très directes et très visibles. Je suis à Paris depuis 8 ans où je suis monté de mon Alsace natale pour jouer.

Mais du théâtre forcé au métier de comédien il y a un pas.

Christophe Poulain : A 16 ans, quand on vous presse depuis un certain nombre d'années à décider de ce que vous ferez plus tard pour vous orienter, j'ai fait un choix militant qui est de continuer à faire du théâtre. Dans notre société nous avons le choix soit d'entrer dans un monde mercantile ou essayer de délivrer d'autres messages et la forme artistique en est le meilleur moyen. J'ai choisi le théâtre qui est ma manière de m'exprimer.

Que s'est-il passé depuis votre arrivée à Paris ?

Christophe Poulain : J'ai suivi les cours d'un cours privé qui était compétent pour me faire cracher mon argent. J'ai suivi ensuite les cours de conservatoires d'arrondissement qui dispensait le même enseignement pour un prix dix fois moindre. Mon premier professeur m'a donné la révélation en me faisant travailler Perdican dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset.

J'ai bossé ce rôle, trouvé un agent après le concours de fin d'année et un an et demi après ce professeur m'a dit avoir rencontré Jean-Paul Bazziconi qui montait "On ne badine pas avec l'amour" sur Paris et lui a proposé de m'auditionner. J'ai auditionné avec 10 autres comédiens et j'ai décroché le rôle. Nous avons ainsi fait 60 dates ce qui m'a apporté un éventail de rencontres dont Idriss qui a monté "L'exil" de Montherlant et qui est devenu un grand ami sans lequel je n'aurais pas découvert le Théâtre du Nord-Ouest qui est un lieu admirable malgré beaucoup d'inconvénients.

Et j'ai eu la chance de jouer Octave puis Celio dans "Les caprices de Marianne", "Tartuffe" dans une mise en scène jeune, Néron dans "Britannicus empereur décadent", Roméo dans "Roméo et Juliette" de Shakespeare et Jean dans "Mademoiselle Julie".

Marie-Hélène Viau : J'ai également commencé assez jeune et c'est une rencontre qui m'y a amené. Claude Santelli, qui était mon parrain, m'a mis le pied à l'étrier en me proposant une figuration dans un de ses téléfilms. Il s'est donc occupé de moi et m'a fait monter à Paris. C'était la révélation car je ne voulais pas être comédienne.

J'avais passé mon bac très jeune et je voulais partir dans les pays sous développés. Cela n'avait donc rien à voir et en même temps il y a un rapport entre les deux car on m'avait convaincu qu'on pouvait agir et faire autant de choses avec un métier artistique. J'ai pris des cours et mon professeur avait dit de moi : "Du talent, on n'en doute pas, l'emploi on n'en doute pas maintenant tu me diras dans six mois si tu as du caractère". Il avait tout dit.

Dès la première audition j'ai commencé à travailler notamment avec Jean Guichard le créateur du Théâtre des Pays de Loire avec lequel j'ai fait tous les festivals locaux et j'ai eu la chance de jouer "Le malade imaginaire" avec les comédiens de la Comédie Française ce qui est très formateur. J'ai fait partie de la Compagnie Jean-Claude Drouot puis des Tréteaux de France avec Jean Danet. J'ai également travaillé dans le privé avec Robert Hossein "Les brumes de Manchester" de Frédéric Dard avec Georges Marchal, "C'est encore mieux l'après-midi" de Ray Cooney dans une mise en scène de Pierre Mondy avec Jacques Villeret qui a été suivi d'une tournée d'un an. C'était un cadeau !

Ensuite j'ai joué dans une série télé, "Tendresse passion", un des premiers sitcom, qui a très bien marché mais qui a été mal perçu par les professionnels ce qui a eu des répercussions négatives sur ma carrière au théâtre.

Idriss me connaît depuis un moment car il m'a vu jouer et il a travaillé dernièrement avec un metteur en scène avec qui j'ai également travaillé. Et il m'a donc contacté pour "L'exil". J'ai découvert récemment le Théâtre du Nord-Ouest et ce lieu correspond à mon état d'esprit et ma conception de ce métier. Cela prend plus de temps mais je fais ce métier pour avoir de belles rencontres.

Comme vous avez tous deux une conception engagée de votre métier, j'aimerai que vous disiez votre sentiment sur le rôle politique du théâtre dans la vie de la cité.

Marie-Hélène Viau : Claude Santelli était un militant et j'ai hérité de cela que je veux à mon tour transmettre. Cela veut dire une certaine exigence humaine mais également au niveau des textes.

Christophe Poulain : J'ai beaucoup de lacunes sur l'histoire du théâtre mais le théâtre en tant qu'ancien média avant la presse était un mode d'information et il avait déjà une obligation morale de faire vivre la cité et lui donner des éclairages sur la vie. Ce n'était pas gratuit.

De nos jours le théâtre en tant que pluralisme par rapport aux médias, et je pense à la télévision qui a un impact énorme qu n'assume pas ses responsabilités qui n'est là que pour décerveler les individus depuis des décennies conditionne. Et le théâtre essaie de ne pas rentrer dans ces considérations car c'est de l'art et ce n'est pas lucratif. Il est militant face à des médias qui n'ont qu'un but mercantile : faire de l'argent.

Cela implique-t-il pour vous aussi certaine exigence sur le choix des rôles ?

Christophe Poulain : Si nous avions la possibilité d'aller au bout de ces exigences cela se saurait. Nous sommes obligés de faire certaines concessions. Comme faire de la publicité dans un but purement alimentaire.

Marie-Hélène Viau : Oui mais je ne ferai pas de publicité pour des produits qui ne correspondent pas à mes convictions comme le nucléaire, l'alcool, le tabac. Je refuse car je ne peux pas être en décalage entre ce que je vis et ce que je pense. C'est ma vie et mon métier fait partie de ma vie. Nous faisons déjà beaucoup de concessions dans la vie pour exercer ce métier. Il faut dont une cohérence qui se sent sur scène.

Christophe Poulain : Il faut avoir l'intelligence de refuser de participer à des projets qui ne servent à rien, qui n'apportent rien ni au théâtre, ni à la cité, ni aux individus, qui ne sont que du vent. Beaucoup veulent se faire plaisir mais cela ne mène à rien. Il faut savoir dire non.

Cela veut-il dire que nous ne vous retrouverons pas dans un spectacle de pur divertissement ?

Christophe Poulain : Jusqu'à présent j'ai toujours refusé et je commence avec Feydeau, pur divertissement bourgeois, mais qui a une exigence au niveau de l'écriture.

Marie-Hélène Viau : J'ai joué "Les vignes du Seigneur" avec Jean Lefèvre, Roger Pierre et Monique Tarbès parce que j'avais besoin de travailler. Mais je l'ai fait en gardant mon exigence vis à vis de mes partenaires dans ma façon de jouer.

Christophe Poulain : Le rire est un exercice difficile auquel il faut s'astreindre. C'est une discipline qui permet d'apporter du bonheur aux gens.

Vous n'êtes pas opposé à faire de l'image ?

Marie-Hélène Viau : J'en ai fait pour ma part.

Christophe Poulain : Lors de castings on vous pose des question suspensives : refuse ceci, refuse cela, refuse le nu. Moi, j'accepte le nu (rires). J'ai tellement envie de faire du cinéma !

Marie-Hélène Viau : J'ai refusé de faire certaines choses. Tout dépend du metteur en scène, de l'histoire. En revanche, je marche à fond si c'est un belle rencontre, si c'est intelligent, s'il y a une finalité et pas seulement pour faire du nu. Comme dans la vie on ne mange pas pour manger, on ne dort pas pour dormir. Bien sûr il faut vivre mais nous aurions choisi un autre métier si nous voulions gagner énormément d'argent. Ou je m'y serai prise d'une autre façon.

A quoi tient le "décervèlement" télévisuel ?

Christophe Poulain : La télévision n'est pas un art. Pour vivre, le théâtre ales subventions, la télé a également besoin de subventions que sont les publicités.

Cela n'empêche qu'il pourrait y avoir des émissions de qualité.

Christophe Poulain : Certes mais le but étant d'avoir le plus grandes rentrées d'argent il ne faut pas se spécialiser mais imposer un produit accessible à tous donc un nivellement par le bas.

Marie-Hélène Viau : Je suis tout à fait d'accord. Pour la série télévisée que j'ai faite j'ai été un peu piégée, cela en raison de mon jeune âge, car la réalité ne correspondait pas vraiment au projet initial mais le contrat était signé. Cela étant, bien que très jeune j'étais capable de dire non quand le texte ne me convenait pas. Mais même dans un produit qui n'était pas de très grande qualité par rapport à notre idéal je l'ai fait avec toute ma conviction de comédienne beaucoup de respect et d'intégrité.

Christophe Poulain : Je pense qu'il n'y a pas de volonté politique d'apporter au public des spectacles de qualité qui le portent vers le haut qui les éduquent. On ne joue qu'avec ses bas instincts. Et je crains que le théâtre n'échappe pas à cette tendance.

Marie-Hélène Viau : J'espère que si. Le théâtre est un spectacle vivant, un partage et un acte de communion qui ne peut pas être vécu en regardant la télévision. J'ai assisté à une réunion au théâtre de la Madeleine des directeurs de théâtres privés et publics et des tourneurs qui s'interrogeaient sur la baisse de fréquentation des théâtres et partaient sur l'idée de former les futurs spectateurs dans les écoles. J'ai envie de leur dit que si le théâtre existe c'est que bien d'autres l'ont fait avant vous.

Et je pense que les théâtres privés sont responsables de cet état de fait. Ils édictent des diktats en laissant croire que c'est ça le théâtre comme par exemple la présence de têtes d'affiche pour faire venir du monde. S'il se passe quelque chose sur scène l'acteur même inconnu va faire venir du monde ! On a besoin du beau et du sacré. Si on le perd on perdra tout. Mais les gens y reviendront c'est une nourriture obligatoire.

Christophe Poulain : Les gens s'entretueront pour avoir accès à la merde qu'on leur propose.

Marie-Hélène Viau : Mais la roue tourne. L'être humain n'est pas né pour mourir idiot. Ce n'est pas possible !

Christophe Poulain : Le beau et le sacré sont un remède.

Marie-Hélène Viau : Et quand on a la chance d'y avoir goûté parce qu'on a rencontré de belles personnes on a envie d'en faire profiter les autres.

Revenons à vos personnages dans "L'exil" et votre choix.

Christophe Poulain : C'est un auteur de qualité et un texte de qualité qui aborde de nombreux thèmes. Il n'y avait donc pas de grands états d'âme avant d'accepter. Nous y avons de belles partitions.

Marie-Hélène Viau : C'est un cadeau.

Et le travail avec Idriss qui assiste à presque toutes les représentations et trépigne en prenant des notes ?

Christophe Poulain : Idriss n'est ni un tortionnaire ni un dictateur mais il est très exigeant tout en nous laissant libres. A l'issue de chaque représentation il nous fait part de ce qui allait et de ce qui n'allait pas. On aime ou on n'aime pas mais en tout cas cela porte ses fruits. On évite les décalages et on reste proche de ce qu'il a voulu faire. Et comme ce qu'il a fait est en adéquation avec l'auteur …

Marie-Hélène Viau : …et avec notre ressenti…. Nous avons besoin de cet oeil extérieur et nous ne pouvons que le remercier.

Donc vous poursuivrez l'aventure s'il y a un après le Théâtre du Nord-Ouest ?

Marie-Hélène Viau : Bien sur !

Christophe Poulain : Cela dépend du cachet ! (rires). Je plaisante. Oui, bien sûr plus que jamais surtout avec cette équipe là !

Avez-vous d'autres projets ?

Marie-Hélène Viau : Des projets mais non encore concrétisés à ce jour.

Christophe Poulain : On m'a proposé de jouer au Théâtre du Nord-Ouest dans le cycle Shakespeare dans "Beaucoup de bruit pour rien" et dans une lecture de "L'aigle à deux têtes".

 

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# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps

Ce n'est pas parce que le pays est plongé dans le froid et la morosité qu'il ne faut pas se faire plaisir. Alors, sortons, dansons, rêvons au travers de notre sélection culturelle de la semaine. Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die

Au théâtre :

les nouveautés :

"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
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