Comédie
dramatique d'après Dostoïevski, mise en scène
de Elizabeth Marie, avec Marc-Henri Boisse.
Il est prêteur sur gage dans la Russie des années
1870. Lorsque la "Douce" vient le trouver avec ses
maigres biens, il la distingue des autres : cette fille de seize
ans lui apporterait-elle la renaissance ?
Renseignements pris, il connaît désormais les
moindres détails de sa vie d’humiliation et de
mépris. La "Douce" a en effet les caractéristiques
d’une Cendrillon : ridiculisée par deux femmes,
maintenue dans la saleté routinière des tâches
ménagères.
Alors est-il venu la trouver tel le Prince Charmant ? Après
tout, il a quarante et un ans, une situation, il est bien bâti,
avec de l’éducation. Mais quelle est cette faute
qui vient le ronger ? Pourquoi ces mots lui passent-ils dans
la tête ? Expliquez lui pourquoi il n’a pas su garder
la "Douce" à ses côtés.
Alors dans une quête de tous les instants partagés,
il reprend le récit de leur vie à deux, il revient
sur leur rencontre, il se rappelle les émotions qu’elle
lui procurait alors. Ne voyait-il pas en elle la promesse d’un
rachat, n’était-elle pas celle qui devait lui pardonner
? Avec lui, n’aurait elle fait que lui sourire de cet
air narquois, que se taire…
De justifications en plaintes, son esprit s’égare
pour le capturer dans ses filets, pour le réduire à
un petit être éperdu de solitude et de questions
. La "Douce" est passée près de lui
et elle s’en est allée…
La mise en scène sobre d’Elizabeth
Marie, qui place son personnage sous les lumières
crues de la lucidité, les compositions musicales de Cyril
Alata qui laisse entrer les bruits de la ville et de
la société dans l’esprit bouillonnant de
l’usurier, l’interprétation de Marc-Henri
Boisse où se mêlent à la fois l’espoir,
la détresse et la folie : tout concourt à conduire
le spectateur dans les bas-fonds de l’âme humaine,
ausculter ses contradictions et des terreurs.
Le spectacle nous rend toute la force complexe de l’écriture
de Dostoievski.
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