Tragi-comédie conçue et mise en scène par Léonard Matton à partir de textes de Henrik Ibsen et August Strindberg, avec Julie Cavanna, Marjorie de Larquier, Mathias Marty, Léonard Matton, Alexis Michalik (ou Benjamin Penamaria) et Nicolas Saint-Georges.
Dans un Moyen-Age anachronique, entre chimère et vision, au château de Solhaug, Gudmund et Margit organisent une fête pour leurs trois ans de mariage.
Gudmund se vante de faire le bonheur de sa femme quand Margit ne se remet pas des tragiques déceptions de la vie commune. Knut Gœsling, le bailli du roi, demande Sygne, la petite sœur de Margit, Sygne, en mariage. Margit accepte à condition que Gœsling cesse de vivre dans la décadence et la violence qui lui sont coutumières. Bengt, l’amour de jeunesse de Margit dont elle n’a pas fait le deuil arrive alors au château et s’éprend de Sygne. S’ensuit une variation intelligente et ardente sur les thèmes du triangle amoureux et des désillusions.
"Les fleurs gelées" flotte dans un ailleurs temporel. Le texte, concaténation d’écrits de jeunesse d’Henrik Ibsen et de August Strindberg, a la force des interrogations de l’entrée dans la vie d’adulte, la cruauté implacable des mythes grecs et nordiques. Suspendu, il est en tension entre un contexte historique qui appartient résolument au Moyen-Age, des interrogations modernes et des costumes à la frontière du rococo et du futurisme ; les froufrous, boudins, excroissances et dorures des costumes d’Agatha Ruiz de la Prada participent à cette joyeuse désorientation narrative.
L’action, toute en ellipses et allusions, se voit unifiée par une identité visuelle et musicale très forte. Elle saisit sur le vif le tournant de jeunes vies : 3 années cruciales résumées en 3 journées d’été, entre lumière étincelante, incandescence et déclin. La troupe passe des chants à la danse à la tragédie dans une allégresse toute baroque.
Julie Cavanna, ravissante en jeune Sygne, rayonne, s’éteint en mariée délaissée, se désespère. On goûte particulièrement les scènes où elle apparaît avec Marjorie de Larquier. Le dialogue entre les deux sœurs contraires est un modèle d’intelligence théâtrale et de mise en scène aiguisée, délicate, de Léonard Matton.
Alexis Michalik donne quant à lui du relief à un Bengt qui part de l’amoureux transi, naïf voire agaçant, à l’adulte responsable malgré lui, tiraillé entre une réalité sordide et des aspirations nobles. |