Avis aux amateurs : L’axe du sang (ici présent) est la suite de Codex Lethalis du même auteur, Pierre-Yves Tinguely. Quelques subtilités vous échapperont, vous comprendrez que vous êtes sensé connaître ce personnage, et vous vous direz "mais oui !" assez bêtement. Sensation assez désagréable, comparable à l’embarras lié à une conversation à laquelle vous assistez et dont les interlocuteurs persistent à ne pas vous mêler. Passons.
Pierre-Yves Tinguely est ici l’heureux auteur de son second roman, où il semble tirer les ficelles et les intrigues du premier, et qu’il garde des réponses pour le troisième. Et pourtant, l’intrigue est pour le moins passionnante, voire ingénieuse.
Un prêtre exorciste se retrouve hôte du mal en personne (enfin presque). Après un exorcisme foiré dans une ferme éloignée (tant qu’à faire, il faut tuer des gens, mais pas trop pour que les autres puissent assister à l’horreur), Teodor Cepek est transféré dans un hôpital, d’où il sort juste trois secondes du coma pour dire qu’il ne faut surtout pas prendre son sang (ça c’est du bol quand même !).
Son sang est devenu un gaz moutarde à lui tout seul, se dispersant dans les airs et tuant quiconque se trouve à proximité (il faut toujours écouter la parole des curés, c’est la voix de Dieu quand même, bande de scientifiques !). Mais bien évidemment, les méchants vont piquer le corps (qui ne se réveille plus pour mettre en garde les gens) et tirer quelques fioles de son sang pour semer la terreur à droite à gauche, de manière totalement épisodique et vraisemblablement aléatoire. Damned !
Non mais en fait, c’est une secte de méchants vilains pas beaux qui veulent réaliser une sombre prophétie sur la fin du monde, écrite dans un manuscrit bizarre, apparemment découvert dans Codex Lethalis, mis sous scellés, sorti, puis remis sous scellés. Et puis comme de par hasard, on découvre un étrange passé à Teodor Cepek (l’exorciste au gaz moutarde qui sort du coma pour sauver les gentils).
Des neveux surgissent de quasi nulle part. Et ce n’est pas fini. Parce que le gros méchant vilain pas beau est retrouvé mort. Mais qui tire les ficelles alors ?
Après avoir passé tout le roman à me demander si ce personnage était réellement surgi de nulle part ou s’il avait été évoqué dans le premier tome, j’ai fini la lecture avec un goût d’inachevé au coin des yeux. J’ai trouvé l’intrigue diablement intéressante, mais les personnages manquent d’âme, les lieux manquent de volume, les dialogues manquent de texture.
Je comprends bien que le démon du manuscrit ne se laisse pas approcher si facilement, mais à force de repousser le lecteur tout le temps, c’est à se demander s’il y a réellement quelque chose derrière le vocabulaire de l’antique prophétie qui se réalise juste maintenant pile-poil quand j’arrive.
L’axe du sang ne doit pas être lu sans son antécédent, sous peine de vous mettre de mauvaise humeur, de vous rendre ironique face à cette conversation commencée sans vous, toute pleine de private joke vous laissant grandement perplexe. Quand on me demandera si j’ai aimé ce livre, je dirai : "je ne sais pas" ! |