Longtemps attendu, le premier album de Chet Faker, Built On Glass, met en place tout un écosystème sonore s'équilibrant paisiblement entre une électro sensuelle et une musique profonde. Un léger changement dans la façon de produire de l'australien à la barbe bien fournie et qui introduit à son univers une nouvelle maturité.
L'album, contrairement à l'EP de 2011 Thinking In Textures, est volontairement conçu comme un opus personnel et en tant que tel, s'y dévoile assez vite des pistes se dirigeant vers des constructions douces. Prétexte idéal à l'homme pour y développer l'espace nécessaire à sa voix et s'offrir quelques prétentions à un costume de crooner.
La voix est chaude, toute en énergie retenue, à la limite de verser dans le pathos et de se briser sur des sanglots terrifiants. On devine alors un peu mieux l'origine du titre de l'album et on associe au passage l'homme au projet de Ry X, The Acid. Les deux mettant en place cette dichotomie entre esprit moody, chaleur et beat électro-organique.
Chaque piste, même les plus courtes, prendra plaisir à changer de rythme de façon plus ou moins inattendue, glissant subtilement depuis les zones R’n’B / électroniques de l’homme vers des sons moins identifiés.
Des titres comme "Blush" ou "Cigarettes & Loneliness" et "No Advice (Airport Version)" réussiront tous trois à introduire des sons à la limite de l’expérimentation. Plus loin, "1998", son rythme dance et son refrain imparable dessineront un profil de clubeur fatigué à l’album. Ailleurs, on appréciera quelques glissements et accents trip-hop, à la manière de "Melt", accompagné par les vocalismes de Kilo Kish, parachevant ainsi, un panorama large et varié ouvrant vers de nouveaux horizons de façon assez brave. Bref, on a ici à faire à un pluralisme artistique qui a pour principal atout un large spectre sonore, se permettant des digressions bien senties d’un titre à l’autre.
Une véritable variété de paysages sous-entendant une recherche du son et de l’expérimentation et qui vient démentir la fragilité dissimulée sous le titre de l’opus et par la voix de l’artiste. Built On Glass serait donc en réalité un album faussement joyeux, partiellement triste, mais réellement réussi. |