Réalisé par Werner Herzog. Etats Unis/Allemagne/Mexique/Bolivie/France. Thriller. 1h33 (Sortie le 7 décembre 2016). Avec Michael Shannon, Gael García, Veronica Ferres, Werner Herzog, Anita Briem, Lawrence Kraus, Volker Michalowski et Danner Ignacio Marquez Arancibia.
Difficile de juger le dernier film d’un cinéaste qui fit une œuvre comme s’il s’agissait d’un film en soi. Objectivement, "Salt and Fire" de Werner Herzog n’est pas le meilleur film de son auteur qui en a déjà signé près de 75, fictions et documentaires confondus !
N’empêche qu’il s’inscrit dans un corpus cinématographique désormais quasi-incontestable et qu’on y retrouvera toutes les thématiques chères à ce grand romantique de la pellicule, ce dernier représentant du grand cinéma allemand.
Comme tous les héros de Herzog, Matt Riley (Michael Shannon) a une vision du monde qui fait de lui un "albatros" aux ailes de géant dans un monde de nains. Filmant un décor époustouflant, celui d’un désert bolivien censé représenter métaphoriquement un lac asséché suite au dérèglement climatique et donc à l’action néfaste des hommes, à l’image de la Mer d’Aral en Asie centrale, Werner Herzog met à nu une fois de plus l’essence des passions humaines.
C’est beau et c’est naïf comme le sont toujours les ultimes films des grands cinéastes. Il faudra le recul de quelques années pour ne pas être tenté de rigoler devant les figures de style que Werner Herzog ose mettre en scène aujourd’hui.
Peut-être que sa démonstration, que l’on risque de trouver en 2016 simpliste aura alors une grande résonance. La catastrophe écologique qu’il pressent ne prendra pas forcément la forme imaginée dans le film, mais ceux qui l’auront vu se souviendront à ce moment-là de ses enfants jumeaux mutants et de ses paysages d’une pureté inouïe.
"Salt and Fire" de Werner Herzog ne cherche ni à être moderne ni postmoderne. Ce qui s’y conte, c’est une leçon de survie dans laquelle renaît quelque chose que l’ère industrielle avait cru éradiquer à jamais .
A l’époque où le rationnel et le religieux ne se combattent plus, mais participent de concert à la confusion généralisée, Werner Herzog exalte une troisième voie perdue, celle de l’épopée épique, celle où l’esprit triomphe du reste s’il a pour arme la beauté poétique. |