Après deux premiers albums chez Decca, Light et (R)EVOLUTION, la jeune pianiste prodige Vanessa Benelli Mosell est de retour avec un répertoire plus "classique".
Si Light et (R)EVOLUTION portaient sur Karlheinz Stockhausen, qui fut son mentor lors des dernières années de sa vie, ce disque se consacre au compositeur Russe Sergueï Rachmaninov. Si à la base un monde semble séparer Rachmaninov de Stockhausen, Vanessa Benelli Mosell trace des pointillés entre les deux compositeurs. Notamment en continuant de garder en mémoire le précepte du compositeur Allemand : "Avec les petites choses je suis petit, mais avec les grandes, je suis très généreux".
Et de la générosité, la pianiste en fait preuve tout au long de l’interprétation du second concerto et des Corelli Variations. De son rapport à Stockhausen et à son répertoire, la pianiste Italienne en a gardé une science du rythme, une certaine allégresse dans les phrasés, une virtuosité, une puissance et une fougue, des dynamiques exaltées. Le tout avec une véritable touche féminine pleine de belles rondeurs qui répondent merveilleusement bien au lyrisme et aux phrases musicales présentes dans l’œuvre de Rachmaninov.
Il y a une grande fragilité, une grande vulnérabilité dans cette musique. Rappelons qu’à l’époque le compositeur était en pleine dépression. Tout cela transparait dans l’exécution de Vanessa Benelli Mosell qui lui permet de mettre en valeur tous les silences colorés. En cela, elle rappelle les interprétations de Mikhail Rudy.
Ce disque est aussi un jeu d’équilibriste. Grand écart entre un guide, compositeur de l’avant-garde et un autre, Rachmaninov, éloigné des mouvements esthétiques de son époque, mais aussi grand écart entre les presque débuts (le concerto) et la fin (les variations) de la carrière du compositeur Russe. De son côté, le London Philharmonic Orchestra sous la direction de Kirill Karabits n’est pas en reste avec un jeu tout en finesse et en belles couleurs (mention spéciale au pupitre des bois).
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