Spectacle de pantomime burlesque conçu par Anna Kistel, Sebastian Stautz, Thomas Rascher, Frederik Rohn, Hajo Schuler, Michael Vogel et Nicolas Witte, mise en scène de Michael Vogel, interprété par Marina Rodriguez-Llorente (ou Anna Kistel), Sebastian Kautz, Daniel Matheus et Nicolas Witte (ou Thomas Rascher).
Depuis 1996, le collectif pluridisciplinaire berlinois Familie Flöz s'est dédié au genre du théâtre visuel hybridant l'art du clown, avec une référence assumée aux maîtres Jacques Lecoq et Pierre Byland, la pantomime et le jeu masqué.
Son opus "Hotel Paradiso" conçu par Sebastian Kautz, Anna Kistel, Thomas Rascher, Frederik Rohn, Hajo Schüler, Michael Vogel, qui assure également la mise en scène, et Nicolas Witte, constitue une véritable pépite à découvrir d'urgence tant l'y incitent le burlesque de la partition et la virtuosité des interprètes.
Au coeur des alpages alpins, le familial Hotel Paradiso, réputé pour sa source minérale aux vertus antalgiques, et qui fonctionne avec une bonne énamourée et kleptomane et un cuistot adepte du dépeçage, ne mérite plus vraiment son nom tant il est, depuis le décès de son fondateur, figé dans son jus des années 60.
De plus, il est de plus l'objet d'une lutte intestine, la vielle mère acariâtre et le fils paresseux introverti s'opposant à toute tentative de modernisation prônée par la soeur peu aimable, qui, faute de combattants, va précipiter sa ruine.
Dans un décor la ligne claire boutiqué par Michael Ottopal, se croisent plus d'une dizaine de protagonistes à la physionomie d'une inquiétante étrangeté de mutant résultant de la fusion d'un corps humain et d'une tête de marionnette.
Légèrement surdimensionnés et tirant sur la caricature façon "gueules" à la Jean-Claude Mochoisne, les magnifiques masques en papier mâché élaborés par Thomas Rascher et Hajo Schüler s'inspirent des principes de la morphopsychologie pour dessiner le caractère des personnages mutiques qui, toutefois, s'exprimeront - et de manière éloquente - par la gestuelle virtuose des interprètes.
Cette chronique familio-hôtelière ressortant au mimodrame se développe en épisodes cocasses et touchants, jubilatoires et, parfois, pathétiques, comme dans la vie revue à l'aune du burlesque.
Et sur scène, seul officie un quatuor émérite - Marina Rodriguez-Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus et Nicolas Witte - jouant les Fregoli pour camper toutes les figures et enchaîner à un rythme soutenu les scènes de cet époustouflant spectacle.
Indispensable, donc à ne pas rater si la Familie Flöz passe près de chez vous. |