Comédie policière d'après le roman éponyme de Sébastien Japrisot, adaptation de Aïda Asgharzadeh, mise en scène de Sébastien Azzopardi, avec Alyzée Costes, Nassima Benchicou, David Talbot et Aurélie Boquien. En 1963 Sébastien Japrisot publie un roman policier sous l'efficace titre "Piège pour Cendrillon" qui revisite le conte de Perrault à l'aune du roman noir en y injectant les thèmes de l'amnésie, du trouble de l'identité et du double passés à la moulinette de la machination et de la manipulation.
Il transforme Cendrillon, la gentille petite fille malmenée par ses demi-soeurs, en petite fille pauvre envieuse de l'héritière dans la demeure de laquelle officient sa mère comme domestique et une mauvaise fée en la personne d'une gouvernante aussi cupide que machiavélique qui va lui donner l'occasion d'exaucer son rêve.
Mais la vie n'est pas un conte de fée et, à défaut de baguette magique, il lui faut payer le prix fort pour voir son entreprise prospérer si toutefois n'intervient pas le fameux grain de sable.
La transposition théâtrale opérée par Aïda Asgharzadeh ne résulte pas d'une adaptation mais d'une réécriture dès lors qu'elle modifie le déroulement de l'intrigue et son dénouement, s'affranchit de sa structure de drame en quatre actes et crée un personnage surnuméraire d'avocat séducteur lui aussi intéressé par le magot qui, campé par David Talbot en contre emploi et semblant échappé d'un vaudeville, déclenche les rires.
Cela étant, tous les spectateurs ne connaissent pas l'oeuvre originale et la partition proposée repose sur la quête identitaire d'une jeune fille rescapée d'un incendie dans lequel a péri son amie souffrant d'une amnésie post-traumatique.
Cette quête se déroule dans une atmosphère inquiétante surlignée par la scénographie de Juliette Azzopardi inspirée par la distorsion utilisée par les décorateurs des films expressionnistes allemands avec un mur de salon de guingois et le jeu de lumières appuyées de Philippe Lacombe.
Elle bénéficie de la mise en scène habile de Sébastien Azzoppardi qui se concentre sur les protagonistes manoeuvrées par l'avatar de la sorcière moderne campée par Aurélie Boquien.
Dans de délicieuses robes corolles confectionnées par Pauline Yaoua Zurini inspirées du New Look inventé par Christian Dior, Alyzée Costes, la blonde, et Nassima Benchicou, la brune, forment un joli et ambigu duo homoérotique dans lequel l'une est l'autre et inversement qui, de manière convaincante, sème le trouble. |