Et vous, vous faisiez quoi à quinze ans ? Mozart est un jeune garçon, prodige, exhibé par son père comme un petit singe savant dans toute l’Europe, et a déjà commencé à composer. Notamment Mithridate, Re di Ponto, opera seria, commande en 1770 du Comte autrichien Karl Joseph von Firmian pour le prestigieux Teatro Reggio Ducal de Milan qui sera en son temps un succès avant de tomber dans l’oubli. Œuvre importante pour Les talents Lyriques et Christophe Rousset.

Oublié aussi ce Betulia Liberata composé en 1771, œuvre très dramatique, seul oratorio achevé de Mozart, commande de Don Giuseppe Ximenes, prince d’Aragon, mécène de Padoue. Nous ne sommes pas certains que cet oratorio ait été donné.

Le livret du poète italien Métastase reprend des éléments de l’Ancien Testament. La ville de Béthulie est assiégée par les assyriens. Judith parvient à entrer dans le camp ennemi, séduire Holopherne commandant des troupes assyriennes et le tuer dans son sommeil. Elle revient avec la tête d’Holopherne qu’elle a décapité et se retrouve face à la surprise des juifs face à son geste. Les Israélites sortent vainqueur et Achior, ami d’Holopherne, se convertit au judaïsme. Métastase se concentre plus particulièrement sur l’aspiration en un Dieu unique, la conversion au judaïsme et l’acceptation des juifs de leur libération par une femme.

L’œuvre de Mozart, loin d’être anecdotique, est dans le style qu’il a appris de Traetta, Martini, Jommelli et Johann Christian Bach. On ne touche pas encore au sublime mais tout est presque déjà là : on reconnaît immédiatement le style, la pâte Mozartienne, le dramatisme, des touches de Sturm und Drang.

Comme à son habitude, Christophe Rousset mène avec maestria son interprétation. L’orchestre, le chœur Accentus et les solistes (Teresa Iervolino en Giuditta, Nahuel Di Pierro en Achior, Amanda Forsythe en Cabri & Carmi, Sandrine Piau en Amital et Pablo Bemsch en Achior) sont absolument convaincants, d’autant que cette œuvre demande une certaine virtuosité vocale. Les choix de couleurs, de timbres, des expressions de l’orchestre ou du continuo sont toujours pertinents. Une sorte de force, presque fondamentale, se dégage de cet enregistrement.

A découvrir assurément !