Tragédie de George Buchanan mise en lecture par Nathalie Hamel avec Alexandre Barbe, Alix Benezch, Pierre Casadei, Daniel Desmars et Nathalie Hamel.
"Jephté", tragédie écrite en 1524 par George Buchanan, comporte déjà les germes du théâtre classique - unité de lieu, de temps et d’action - même si elle n’est pas découpée en acte et si la versification est plurielle du fait d’une écriture originale en latin.
La reine attend avec inquiétude le retour glorieux de son époux, troublée par des rêves prémonitoires. Or le roi Jephté avait promis à Dieu un sacrifice humain en remerciement de la victoire contre les infidèles, dont la victime serait la première personne qui le saluerait à son retour. Et il s’agit de sa fille unique.
Cèdera-t-il à l’intercession de la raison de son ami qui désapprouve le sacrifice humain commis au nom de dieu qui ne le demande pas d’un acte et qui argumente sur l’illégalité d’un acte qui résulte pas d’un commandement divin mais d’un vœu de l’homme, la vraie religion n’étant pas d’obéir à Dieu selon ses propres volontés ?
A la colère implorante de son épouse qui revendique le droit de sauver sa fille et condamne son époux qui demande louange pour un homicide ? A la supplique de sa fille ?
Autour deux thématiques essentielles, la supériorité du droit divin et la condamnation de la religiosité "customisée" par le croyant, le texte, véritable réquisitoire à charge et à décharge, est extraordinaire de beauté, de force et de simplicité, quelques mots et tournures de vieux français, et contribue à nourrir une réflexion sur le sens et la portée de la loi divine telle qu'elle est portée à la connaissance des hommes.
Nathalie Hamel en présente, dans le cadre du cycle de lectures "Des vanités de ce monde" qu'elle initie, sous forme d’une lecture mise en espace et en costumes, une judicieuse version resserrée, faisant abstraction des chœurs redondants, avec une distribution épatante dont l’incarnation résonne magnifiquement dans le cadre somptueux et dépouillé de l’Eglise des Billettes.
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