Petits cœurs de midinettes en mal d'amour et de sensations fortes en quête d'un roman pour la plage, ne cherchez plus, vous avez trouvé une perle. Dans la mouvance des 50 nuances grisées et autres bluettes à l'eau de rose érotico-romantiques, le premier roman de Melinda Leigh, Traquée, va ravir vos journées et habiter vos nuits ! Vous qui aimez les destins de femme dont le quotidien vire au cauchemar et pour qui tout finit quand même toujours bien à la fin, foncez, ce livre est fait pour vous.
La jolie Beth, jeune veuve remariée à un politicien découvre un terrible secret sur son époux. Elle doit alors prendre la fuite avec ses deux enfants pour échapper à une mort certaine et se réfugie dans une propriété isolée de Pennsylvanie dont elle devient l'intendante. Beth y croise la route de Jack, un inspecteur de police qui vient d'hériter du ranch, et qui va rapidement éprouver un trouble certain à chaque fois qu'il croise la jeune femme. Jane Eyre des temps modernes, Beth ne va pas tarder non plus à être attirée irrésistiblement par son Monsieur Rochester à elle. Alors que pendant ce temps, une habitante des environs est assassinée, et que le mari de Beth semble se rapprocher de plus en plus de la cachette de la jeune femme...
Des ingrédients bien dosés et efficaces (une héroïne fragile et courageuse, un héros torturé et ténébreux, des enfants effrayés, des chevaux...) mais un suspense très relatif (la part de thriller du roman est finalement assez anecdotique) font de ce premier roman un honnête divertissement estival pour les amatrices des classiques Arlequins. Dès les premières pages, le lecteur ne doute pas que les deux héros vont finir ensembles : Beth et Jack, Jack et Beth, pas de spoiler, mais dès la première rencontre, c'est plié. La question est plutôt de savoir à quel moment ça va arriver (pour les impatients et les curieux c'est au chapitre 27 !) et comment ça va se passer. Beth est une femme meurtrie, blessée, une louve qui protège ses enfants, tandis que Jack se pose comme un chevalier en armure, avec lui aussi des souffrances profondes et des cicatrices à l'âme. Deux âmes qui se cherchent, qui tentent de se reconstruire et qui finalement y arriveront ensemble.
Pas de scoop, c'est cliché, les ficelles sont un peu grosses, mais ça reste efficace. Les scènes d'amour gentiment érotiques auraient leurs places dans les téléfilms "pour adultes" du dimanche soir : là encore rien de nouveau sous le soleil, mais ça fonctionne. Le côté "suspense" de ce roman (défini quand même comme appartenant au genre "suspense romantique") est en revanche inexistant et sans intérêt : le fameux "secret" de l'époux politicien se révèle en fait affreusement banal, sans aucune surprise, (et surtout terriblement attendu), tout comme les bribes d'éléments autour du serial killer, qui appâtent un moment le lecteur amateur de thriller avant finalement de le lasser assez fortement devant la vacuité de l'intrigue.
Outre son côté romantique, l'intérêt du roman réside dans son atmosphère sombre, lourde, un peu glauque et claustrophobe à souhait, empli de mensonge et de secrets. Le style de l'auteur est fluide, l'action avance rapidement, la tension est palpable et malgré quelques mots et scènes parfois trop simples (pour ne pas dire simplistes) on se laisse prendre au jeu, à l'insu (ou pas !) de notre plein gré. Parce qu'une certaine mièvrerie et facilité a quand même le mérite d'être efficace et vendeur...
Personnages globalement attachants, style assez enlevé et ambiance bien rendue, si vous aimez les classiques du genre, les histoires d'amour un peu clichées, et que vous êtes un indécrottable romantique, vous ne serez pas déçus. Les autres, passez votre chemin, car ça ne réchauffera pas vos nuits (de toute façon déjà caniculaires en ce moment !) et ça ne les refroidira pas non plus. Une possible lecture estivale qui pourra vous tenir en haleine un moment donc, mais que vous oublierez rapidement une fois la dernière page refermée. Sans aucun regrets (ni remords !) |