"If All Hell was candy and Me Moan gourmet beef jerky, then Carnation is delicious melon. Daughn Gibson
Il y a quelques années, on n’aurait pas misé un kopeck sur la carrière de Josh Martin. D’abord derrière les futs pour le pas très passionnant groupe stoner Pearls and Brass puis après une période à vide un retour cette fois en solo sous le nom de Daughn Gibson. Et là, c’est la surprise : derrière les muscles et sa belle petite gueule (de bûcheron un peu cassée) se cache en réalité un vrai chanteur à la voix de crooner (on pense immédiatement à un croisement entre Scott Walker et Lee Hazlewood) 2.0 à l'esprit pastoral.
Après le bluffant All Hell sorti en 2012 où le pennsylvanien entremêlait trip hop country et lyrisme presque gothique (grosso modo…), Daughn Gibson enfonçait le clou avec Me Moan en 2013, bénéficiait d’un plus gros label (passant de White Denim à Sub Pop) et faisait évoluer sa musique vers une americana sévèrement burnée toujours teintée de blues moderne et patinée à l’électro.
Pour ce Carnation, Daughn Gibson a décidé de taper encore plus fort, en souvenir à son premier groupe peut-être, et rêve selon le dossier de presse de mêler des paroles proche de Raymond Carver et Donald Ray Pollock et un univers évoquant Tim Burton, Pier Paulo Pasolini et John Waters. Bref, de grands noms que l’on n’imagine pas forcément aller ensemble et dont un rapprochement musical est rarement pertinent.
Plus sombre que fantasmagorique ou étrange, Carnation se montre toujours autant introspectif (la déchéance de l’Amérique, le sexe, la folie, les addictions, le tout parfois à la limite de la complaisance et d’une étrange complaisance…) mais nettement moins surprenant ou foisonnant que ses deux prédécesseurs. Si Josh Martin aime la sophistication, il plombe sérieusement son propos avec une production et une atmosphère très 80’s franchement ultra datée, sans aucune valeur ajoutée et pas franchement du meilleur goût (ces mélodies de saxophone ou des titres comme "For Every Bite", "Daddy I Cut My Hair" ou encore "I Let Him Deal").
Tout cela ajouté à un manque cruel de sel (c’est tellement poli que ce n’est pas très excitant) et de ligne directrice, l’amalgame si étonnant et qui fonctionnait si parfaitement dans les deux premiers disques, se transforme ici en une sorte de fourre-tout qui donne l’impression qu’à force de jouer le côté étrange et différent, son auteur s’est largement perdu en chemin. Une frustrante déception.
Un printemps décidément capricieux mais quelques jours de beau temps avant un nouveau déluge. Ici c'est un déluge de musique, spectacles ou livres qui nous attend.
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