Le calendrier des sorties nous réserve parfois de belles surprises. L’incandescent "In the fade" et le décapant "3 billboards" ont beaucoup en commun, traitant dans des formes esthétiques différentes mais tout aussi éblouissantes l’une que l’autre, le combat de deux femmes ravagées par l’ignominie du Monde.

IN THE FADE
Réalisé par Fatih Akin. Allemagne/France. Thriller. 1h46 (Sortie le 17 janvier 2018). Avec Diane Kruger, Denis Moschitto, Numan Acar, Samia Muriel Chancrin, Johannes Krisch, lrich Tukur, Ulrich Brandhoff et Laurens Walter.

Le premier concentre son attention sur Diane Kruger, qui trouve enfin là un rôle à la hauteur de son talent. Elle incarne une épouse et mère anéantie par la mort de sa famille, lâchement assassinée par un groupuscule néo nazi.

Le réalisateur kurde Fatih Akinsz de "In the Fade" n'épargne rien à son personnage, du sentiment vénéneux de culpabilité jusqu’aux détails sordides égrainés des corps déchiquetés, lors du procès.

L’acquittement des coupables raisonne alors comme une seconde mort. Ne restent alors que la rédemption ou la vengeance pour une femme entrée en résistance contre l’injustice et contre sa propre douleur.

3 BILLBOARDS
Réalisé par Martin McDonagh. Grande Bretagne/Etats Unis. Comédie dramatique. 1h56 (Sortie le 17 janvier 2018). Avec Diane Kruger, Denis Moschitto, Numan Acar, Samia Muriel Chancrin, Johannes Krisch, lrich Tukur, Ulrich Brandhoff et Laurens Walter.

C’est exactement le même étau dans lequel se trouve coincé le personnage de Frances McDormand dont la fille fut sauvagement violée et tuée.

Là, ce n’est pas tant la Justice qui trahit. Mais la révolte s’empare d’une mère qui ne voit plus rien venir dans une enquête au point mort.

Quand "In the fade" focalise principalement l’attention sur Diane Kruger, "3 billboards" laisse davantage de place aux seconds rôles. Woody Harrelson et Sam Rockwell haussent leur jeu au sommet atteint par l’actrice principale.

Les contours de leurs personnages se dessinent peu à peu, laissant entrevoir une âme bien moins sombre que le laissait penser leur comportement de racistes bas de plafond dans la première moitié de la narration.

Deux films à voir d’urgence. Deux histoires qui vous mettent sur le flanc avec une force rare. Deux femme qui forcent le respect et vous obligent à faire un pas de côté pour voir la vie et ceux qui s’y meuvent d’un regard plus vaste. Deux purs chefs d’œuvres.

THE GREATEST SHOWMAN
Réalisé par Michael Gracey. Etats Unis. Comédie musicale. 1h44 (Sortie le 24 janvier 2018). Avec Hugh Jackman, Zac Efron, Michelle Williams, Rebecca Ferguson, Zendaya Keala Settle, Yahya Abdul-Mateen II et Paul Sparks.

L’aventure de Barnum ici romancée est une vraie réussite. Que voulez-vous, quand il s’agit de vous en mettre plein la vue, dans le genre comédie musicale flamboyante, les Ricains n’ont pas leurs pareils.

Là-bas, la formation artistique est beaucoup plus pluridisciplinaire. On ne hiérarchise ni les genres ni les formes d’expression. Alors vous verrez dans ce blockbuster chorégraphié par la même équipe que "La La Land", des comédiens qui savent tout faire : jouer, chanter, danser...

Une explosion de couleurs et d’artifices qu’on rêve de voir à Broadway ou dans le West-End londonien. Le casting de "The Greatest Showman" réalisé par Michael Gracey fonctionne a merveille. Le scénario même s’il ne comporte pas de réelle surprise, est rondement mené. On n’atteint tout de même pas la magie de "Le plus grand chapiteau du monde" mais le même esprit du beau et du grandiose y souffle.

PATENGON PAPERS
Réalisé par Steven Spielberg. Etats Unis. Thriller. 1h55 (Sortie le 24 janvier 2018). Avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Tracy Letts, Bradley Whitford, Bruce Greenwood et Matthew Rhys.

Bien mollasson, le dernier Steven Spielberg. "Pentagon papers" ne décolle jamais vraiment. Même Meryl Streep ne convainc pas comme d’habitude.

Elle y campe l’héritière empruntée d’un Washington Post en perte de vitesse qui s’engouffre dans la brèche ouverte par le New York Times pour révéler les mensonges des gouvernements américains qui se sont succédés afin d’envoyer les boys au casse-pipe du Vietnam.

Si j’étais suspicieux quant à l’intégrité du réalisateur - qui n’a, Dieu merci, plus rien à prouver - j’en arriverai à penser que son entreprise ne visait qu’à démontrer la grandeur de son pays à sauvegarder la liberté de la presse, un des piliers immuables d’une démocratie digne de ce nom.

Le scénario se noie trop dans les hésitations capitalistiques et systémiques pour laisser suffisamment de place à la question de fond, comme c’était le cas dans "Les hommes du Président" qui traitait du scandale du Watergate.

Bien sûr Spielberg reste un maître du suspense et de la direction d’acteurs mais on pouvait légitimement attendre mieux d’une telle production.

BRILLANTISSIME
Réalisé par Michèle Laroque. France. Comédie. 1h35 (Sortie le 17 janvier 2018). Avec Michèle Laroque, Kad Merad, Françoise Fabian, Gérard Darmon, Rossy de Palma, Pascal Elbé, Oriane Deschamps et Michaël Youn.

Avec "Brillantissime", la sympathique Michèle Laroque se lance dans la réalisation. Ok, pourquoi pas. Mais on ne peut pas dire que le résultat soit à la hauteur de ses prestations de comédienne, en particulier théâtrales.

Le ton est assez niaiseux, larmoyant et pas assez corrosif pour qu’on rit à gorge déployée. Le thème de la quinqa qui se fait plaquer et tente désespérément de retrouver l’amour ou pire, son mari perdu... rien de très original.

Les personnages ne sont qu’ébauchés et c’est d’autant plus dommageable lorsque figurent au casting un Gérard Darmon semblant égaré là ou encore une Rosy De Palma bridée pour laisser briller le personnage central incarné par Laroque elle-même.

DOWNSIZING
Réalisé par Alexander Payne. Etats Unis. Comédie. 2h16 (Sortie le 10 janvier 2018). Avec Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Hong Chau, Udo Kier, Jason Sudeikis, Neil Patrick Harris et Laura Dern.

Sans mauvais jeu de mots, Dieu que cette production américaine est petite, étriquée et ridicule. D’un bout à l’autre on ne sait où le film veut en venir. Il y est question de réduire les habitants de la planète pour résoudre enfin les problèmes environnementaux.

Ouais... pourquoi pas, après tout. Mais quelle idée de faire basculer le scénario dans un propos dégoulinant de bons sentiments, lénifiant. Un truc sans queue ni tête entre "La cité de la joie" et les gourous illuminés des 70’s.

'Downsizing" d'Alexander Payne emmené par un Matt Damon aussi peu convaincu que le spectateur, ne servira ni la gloire du septième art ni la cause écologique, soyez-en certains.

LA SURFACE DE REPARATION
Réalisé par Christophe Regin. France. Drame. 1h35 (Sortie le 17 janvier 2018). Avec Franck Gastambide, Alice Isaaz, Hippolyte Girardot, Moussa Mansaly, Julia Levy-Boeken et Mourad Frarema.

"La Surface de réparation" de Christophe Regin ne va pas droit au but, c’est le moins que l’on puisse dire. Le cinéma a été inventé pour donner à rêver grand.

Alors suivre les atermoiements d’un footeux raté qui croit au Père Noël en tentant de se faire une place dans le club où il pensait pouvoir faire une carrière sur le terrain, ne fait pas vraiment bander le spectateur.

Le film manque cruellement de souffle, de fièvre, de passion pour qu’on ne baille pas bien vite comme le lion repu de la savane. La présence au générique d’Hippolyte Girardot est même loin de sauver l’affaire.

Vents d'Orage