Comédie darmatique adaptée et mise en scène par Laurent Le Bras d'après le film éponyme de Robert Bresson, avec Dominique Isnard, Héloïse Ester, Magaly Godenaire, Livane Revel, Nathalie Yanoz, Sophie Colon, Brigitte Massiot, Chantal Péninon, Antoine Réjasse et Christian Abart.
En assurant également la mise en scène et la scénographie, Laurent Le Bras s'est attelé, avec succès, à la difficile et ambitieuse mission qu'est l'adaptation théâtrale du premier long métrage du cinéaste Robert Bresson, "Les anges du péché" réalisé en 1943 d'après un scénario co-écrit avec le père dominicain Raymond Leopold Bruckberger et l'écrivain Jean Giraudoux.
Tâche d'autant plus ardue et hardie compte tenu de la spécificité stylistique du cinéaste et du genre, s'agissant de théâtre chrétien, qu'il accomplit avec beaucoup de sagacité en évitant l'écueil du dogmatisme.
"Les anges du péché" suit le parcours tragique d'une jeune femme au tempérament impétueux et déterminé qui se sent non seulement appelée par Dieu mais "élue" qui intègre un couvent dominicain, qui a pour la mission écclésiale la réhabilitation des femmes délinquantes, dont elle compromet l'équilibre non seulement consensuel, établi par des soeurs qui ne sont pas toutes touchées par la grâce, mais également religieux par son mysticisme proche de la névrose obsessionnelle.
Cette partition sensible et délicate aborde de nombreux thèmes tels que la motivation intime qui sous-tend la vocation religieuse, la rédemption des péchés, la dualité entre la foi et le mysticisme, l'opposition entre l'ascétisme imposé par la clôture et la sensualité de l'individu, qui impliquent un théâtre d'incarnation.
Toutes les comédiennes parviennent à donner corps aux personnages, qui conjuguent chacun à sa manière leur foi et leur humanisme : les plus jeunes, Thérèse, la criminelle pragmatique (Dominique Isnard), Anne Marie la mystique (Magaly Godenaire), les jeunes novices (Sophie Colon et Héloïse Ester) et les anciennes, "cadres" du couvent, la supérieure fascinée par celle qu'elle voit comme une future sainte (Chantal Peninon), la tendre maîtresse des novices (Nathalie Yanoz) et la sous prieure intendante de la règle (Liliane Revel).
Des femmes de chair dont la sensualité vibrante affleure toujours même si elles ont renoncé aux lois libertaires de la communauté sociétale pour suivre la règle de vie contraignante d'un couvent tant elles ne se dépouillent pas instantanément, et parfois même jamais, non seulement de leurs traits de caractère mais de leur humanité.
Porté par une direction d'acteurs remarquable et une scénographie d'un esthétisme aussi lumineux que minimaliste, quelques accessoires symboliques et un très conséquent travail sur les lumières axé qui restitue la densité et la diversité chromatique du contraste du noir et blanc de la photographie picturale à l'argentique , le spectacle s'inscrit dans le registre d'un réalisme stylisé en adéquation avec la thématique particulièrement réussi.
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