Réalisé par Alesssandro Comodin. Italie/France/Belgique. Drame. 1h18. (Sortie 4 juillet 2012). Avec Giacomo Zulian, Stefania Comodin et Barbara Colombo.
De l'image et du son. Cette définition minimale du cinéma s'applique maximalement à "L'été de Giacomo" d'Alessandro Comodin.
Récit simple, structure complexe. C'est sur ce paradoxe qu'est bâti ce moment de grâce cinématographique qu'on a peur d'épuiser en quelques mots alors qu'il hante longtemps celui qui y a été attentif.
2012 aura été riche en pur cinéma pour le spectateur sensible. Pensez ! Il aura pu contempler dans le même élan "L'été de Giacomo" d'Alessandro Comodin et l'adolescence imaginaire de "Nino" de Thomas Bardinet. Tout en sentiments précieux, rien en mots inutiles. Des films qui viennent toucher là où ça fait du bien et à chaque fois en montrant l'état de sensibilité totale qu'est l'adolescence.
Si l'on poursuit le jeu des correspondances entre le film aquitain et le film transalpin, on y découvrira des plages et des bois, des parcours en vélos et de la sensualité en gestation.
Chez Comodin, la chanson est sans doute plus heurtée et Giacomo, le jeune sourd, tape sur des percussions au lieu d'écrire des poèmes. Différence mineure, toutefois : c'est la même plongée au pays des petites amoureuses.
Les plans sont plus lents, la parole plus retenue, mais ce qu'il y a sur l'écran inonde pareillement les yeux du spectateur d'un vrai éclat de beauté paisible.
Au bord de l'eau ou dans l'eau, Giacomo (Zulian) et ses copines Stefania (Comodin) et Barbara (Colombo) sont saisis dans les rires et les attentes d'une vie montrée sans trucage.
Bien sûr qu'il n'y a pas d'histoire, mais cette absence c'est toute une histoire et personne ne devrait regretter de s'embarquer dans ce moment bleu jaune ensoleillé.
Il ne faut pas hésiter à se répéter : "L'été de Giacomo" d'Alessandro Comodin est un moment de grâce cinématographique. On aurait presque envie d'en faire cent lignes, d'en remplir un cahier de vacances.
Ces 78 minutes paraîtront aussi éternelles que fugaces. Intensément ennuyeuses, d'un ennui qu'on aimerait revivre dans toutes ses secondes de bonheur évanoui, elles s'envolent en un instant. Que c'est beau un jeune garçon perçu dans l'émotion naissante d'une jeune fille. Que c'est riche un film qui se permet de filmer pudiquement ce passage étrange où le désir s'incarne dans les corps. Qu'il advienne ou non quelque chose, que ce soit la bonne première fois ou pas, être invité chaleureusement à la fête des sens qui s'éveillent est un spectacle qu'on offre rarement dans notre monde de brutes réelles ou filmées.
"L'été de Giacomo" est une belle entrée en matière pour la saison des amours. On saura gré à Alessandro Comodin d'avoir orchestré plus que dirigé ces jeunes comédiens, de n'avoir jamais voulu résoudre la fausse question de l'artifice ou du naturel, et de nous avoir fait participer sans voyeurisme à ce parfait éclat de vie. |