Spectacle équestre conçu et mis en scène par Bartabas, avec Laurence Dirou, Michael Gilbert, Noureddine Khalid, Mathias Lyon, Gaëlle Pollantru, Etienne Regnier, Alice Seghier, Messaoud Zeggane et les musiciens Sébastien Clément, François Marillier, Pepa et Luis Toledo.
Bienvenue dans le monde de Zingaro ! Entrer au Fort d’Aubervilliers dans ce Théâtre Equestre tout en bois, c’est comme entrer dans un univers merveilleux où l’humain et le cheval sont rois.
Il y a, dès qu’on pénètre dans le vaste foyer-restaurant octogonal, le premier émerveillement à la vue des murs parés de mille décorations : costumes traditionnels, figurines, véhicules de toutes sortes, photos et écrans diffusant des images des précédents spectacles, sons et musiques qui se croisent et se répondent. Un vrai musée et un lieu chaleureux où l’on avale une soupe mexicaine sur de longues tables pour se mettre dans l’ambiance.
Pour accéder à la salle, après avoir traversé la cour au milieu des roulottes, il nous faut monter un escalier, accueilli par le capitaine et son fidèle perroquet puis emprunter une passerelle qui surplombe les boxes des chevaux. On peut déjà sentir leur odeur et leur impatience, pour certains. Après avoir foulé une allée de terre, on s’installe sur les gradins de ce grand cirque et le spectacle peut alors commencer.
Pendant que les spectateurs prenaient place, huit squelettes assis attendaient en méditant au milieu de dindons. Rythmé par les tambours et les cymbales des "chinchineros" - ces hommes-orchestres à l’énergie communicative, tout s’anime et prend soudain une autre dimension : nous sommes au Mexique et c’est la fête des morts. Ceux-ci, récalcitrants et frondeurs s’agitent sur les notes répétées des musiciens galvanisés comme dans une transe chamanique.
C’est la danse macabre, celle qui voit tantôt lentement, tantôt au grand galop festoyer l’homme et l’animal. Et c’est le cheval qui mène la danse, lui dont l’énergie réveille les morts d’un coup. Eux, soudain déchaînés, veulent se mêler à la fête, danser encore et encore en une immense farandole.
Tous plus éblouissants les uns que les autres, les numéros se suivent et utilisent tout l’espace : la piste bien sûr mais aussi les travées qu’arpentent les musiciens et leurs tambours, et surtout la seconde piste circulaire en hauteur où les chevaux déboulent à grande vitesse avec élégance et légèreté.
Le spectacle est total et où que nos yeux se portent, c’est l’enchantement permanent : une grande cérémonie joyeuse et enflammée où hommes, squelettes et animaux célèbrent la vie dans une ambiance colorée de rire et de belle énergie. On est complètement subjugué par cette fresque grandiose et féerique, par la précision des artistes dans des numéros de haute voltige et l’imagination de Bartabas qui habille d’humour et de poésie ce très beau soir des morts.
La fanfare résonne, les clochettes tintinnabulent, tandis que chevaux et écuyers passent en majestueux cortèges. Et les morts se marrent. Plusieurs convois plus tard, on aura vu de bien étranges carrioles et des moments surréalistes ou de beauté infinie. Le tout dans un cadre extraordinaire. Et c’est tout naturellement, la main dans la main, qu’hommes et squelettes viendront enfin saluer.
Déjà, dehors, devant le grand feu de camp qui crépite, les enfants (et les grands) ont dans les yeux des images qui dansent et qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Somptueux et magique, "Calacas" est très certainement un moment unique à voir absolument. |