Paul Fauray n’est pas écrivain, son profil n’est pas littéraire, il n’est pas agrégé de lettres ou de civilisation orientale. Il est plutôt orienté action et mouvement militaire : médecin, officier de marine et fonctionnaire. Il a même servi au Commandement des opérations spéciales et écrit des livres. La Bombe des Mollahs est son sixième.
On pourrait croire que sa formation ou ses expériences ne lui donnent pas toutes les clés pour écrire de bons bouquins, mais il a arpenté tant et si bien les guerres et les conflits des Balkans au Proche Orient, en passant par l’Afrique de l’Ouest et le Golfe Persique, que les histoires se sont déroulées sous ses pieds comme de longs tapis ministériels. J’imagine qu’il lui a simplement suffi de prendre un stylo, un clavier, un feutre et de coucher tout ça sur des liasses.
Bien sûr que ce n’est pas aussi simple, mais sa plume est tellement fluide qu’elle laisse penser à une seconde nature de cet auteur, il écrit ses fictions fondées sur la réalité, ce qui les rendent troublantes de vérité. Le roman commence comme une guerre : un assassinat sauvage, le meurtre d’un officier français par un terroriste palestinien : Walid Kamal. C’était à Beyrouth, en 1984. La suite se passe en 2011, quand le fils de cet officier assassiné est envoyé dans la métropole turque pour exfiltrer Loubna Maalki, une brillante physicienne syrienne qui détient les preuves d’un programme nucléaire iranien en cours. Le reste ? Disons que ça ne vous laissera pas un souvenir impérissable… sauf si la suite vous botte.
Le fond de l’histoire retrace la course poursuite entre la Syrie, l’Iran, la Turquie, Israël, qui ne rêvent que d’une chose : l’arme atomique, la force de dissuasion la plus puissante et la plus destructrice de la planète. S’ensuivent en toute logique une série d’assassinats, de clandestinités, d’espionnages, de luttes entre services secrets et d’agents doubles (voire triple !).
Malgré quelques passages trop "documentaires" nécessaires pour situer l’action dans le réel, le roman se laisse lire sans trop de prise de tête. Le deuxième tiers du livre m’a désorientée, par sa multitude de personnages, et je me suis parfois un peu perdue dans les points de vues des personnages (dialogue intérieur d’un agent double, suivi du monologue de l’agent triple, directement enchainé avec un cours de chimie moléculaire).
Bref, un solide roman d’espionnage, tellement proche de la réalité qu’il laisse planer le doute sur la limite entre fiction et réalité. Ingrédients à garder sous le coude pour le prochain Bond (quand il en aura assez de jouer au Poker)… |