Spectacle conçu par Yoann Bourgeois et interprété par Yoann Bourgeois, Marie Fonte, Jörg Müller, Mathurin Bolze et Laure Brisa.

Yohann Bourgeois avait, l'année dernière, présenté "L'art de la fugue". Ce spectacle, autour des fugues de Jean-Sébastien Bach, pouvait se voir comme une mise en espace des partitions du compositeur allemand, avec toute la rigueur géométrique qui s'y rattachait.

La même mécanique entre cirque et musique intervient dans "Minuit", quoique la priorité de Yohann Bourgeois semble s'être inversée.

La musique n'est plus le point de départ du spectacle, mais une des composantes de l'ensemble. "Minuit" peut s'appréhender comme une succession de courtes pérégrinations circassiennes, dont le point central est cette "tentative d'approche d'un point de suspension", qui est l'instant précis de où l'objet lancé dans les airs atteint le plus haut point de la parabole. 

Yohann Bourgeois s'est entouré de Mathurin Bolze, Marie Fonte et Jörge Müller pour d'autres pièces qui mettent en scène forces et contre-forces, action et réaction, pesanteur et apesanteur.

Sont donc ici présentes des pièces courtes déjà intégrées dans des pièces courtes déjà intégrées dans "L'art de la fugue", comme les jeux de vertige dans une roue avec une chaise ("La roue" de Mathurin Bölze, scénographie de Goury), la chorégraphie en main-à-main autour de la table qui finit par se briser ("Fugue/Table", conception Yohann Bourgeois assisté de Marie Fonte), et bien entendu le trampoline ("Fugue/Trampoline", conception Yohann Bourgeois assisté de Marie Fonte), ainsi que le fabuleux "Mobile" (conception Jörge Müller) qui évoque Calder, autant pour le cirque que pour ses pièces métalliques en suspension.

La musique, laissée aux bons soins de Laure Brisa à la harpe et aux loops, convient parfaitement à cette dynamique. Vue récemment en concert solo à la Loge, ou en accompagnement de Seb Martel ou de Jim Yamouridis, la jeune femme développe un univers proche, dans l'esprit de celui des sœurs Casady de Cocorosie.

La musique devient dès lors un élément enveloppant qui confère une aura de mystères aux mouvements aériens des artistes.

"Minuit" apparaît alors plus resserré et plus dynamique que "L'art de la fugue", tout en conservant la fluidité, l'aérien et le poétique. Magnifique réussite.