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Lionel Baier  septembre 2015

Réalisé par Lionel Baier. Suisse/France. Comédie dramatique. 1h15 (Sortie le 2 septembre 2015). Avec Patrick Lapp, Carmen Maura, Ivan Georgiev, Adrien Barazzone, Stéphanie Chuat, Véronique Reymond et Thibault de Chateauvieux.

"La Vanité", un titre qui pourrait être celui d'une série de contes à la Rohmer, un film de Lionel Baier qui a quelque chose de rohmerien, outre son économie de moyens, par ses thématiques et sa structure.

Un huis-clos en chambre dont quasiment chaque scène qui si elle ne clôt pas sur un retournement de situation du moins imprime une inflexion inattendue de registre, de la comédie dramatique vers le burlesque puis la tragi-comédie avec un soupçon de thriller.

Et la "Vanité" n'est à entendre dans son sens courant, celui du sentiment d'orgueil, mais dans son acception artistique en tant que genre pictural incluant une représentation plastique de la fuite du temps, de la finitude humaine et de la vacuité de la vie.

Tout commence avec une plongée vers un motel miteux et lugubre avec néon fatigué perdu dans la nuit enneigée. Un homme âgé portant un bonnet rouge à la Cousteau s'installe dans une chambre poisseuse, moquette au mur, fuite au radiateur, bible sur la table de chevet et une pauvre reproduction du fameux tableau "Les Ambassadeurs" de Holbein le Jeune au dessus de la tête de lit. Un décor hopperien non aux Sates mais dans la glauque périphérie lausannoise.

L'homme se récure méticuleusement, la toilette du mort, pour présenter belle figure à la faucheuse, une faucheuse qu'il a convoqué puisqu'il a opté pour l'euthanasie délicatement qualifiée d'autodélivrance. Et, avec ce choix d'un lieu glauque pour pousser son dernier soupir, s'insinue déjà une inquiétante étrangeté.

Arrive l'ange de la mort qui ne ressemble guère à une clinique assistante : avec son sac de supermarché et sa mine compassionnelle, elle ressemble davantage à une ménagère de plus de cinquante ans et le beau visage griffé par les ans de Carmen Maura. Présentations : elle porte le prénom d'Ezperanza...

Mais le protocole ne peut intervenir sans la présence de l'indispensable témoin, point d'achoppement qui va constituer un des éléments propres à différer le moment fatidique du passage à l'acte, surtout quand le témoin de remplacement est le client de la chambre voisine qui officie dans les relations homosexuelles tarifées. Tout part en vrille.

Naviguant dans un hyper-réalisme qui confine au surréalisme, Lionel Baier brosse une fable, qui comme toute fable possède une dimension métaphysique notamment sur le sens de la vie, le libre arbitre et le choix moral, qui, au-delà des sujets graves de l'euthanasie et la prostitution, traite des errements de l'âme, de la pulsion de vie par une combinatoire des conceptions freudienne et nietzschéenne, et le dualisme Eros-Thanatos.

Il propose une réflexion sur le statut ontologique du vivant illustrée par trois vies, trois trajectoires différentes avec ses ombres et ses lumières, trois acceptions de la vie au présent, trois inconnus perdus dans le monde, perdus aussi en leur for inérieur, qui vont se croiser.

La linéarité narrative est ponctuée d'échappées mnésiques, de flash-backs et d'ellipses qui créent autant de ruptures spatio-temporelles et la caméra change constamment de point de vue pour composer un déroutant kaléidoscope qui intrigue et reconfigure les couples soumis aux stratégies du désir.

Place sous l'égide de la cocasserie, le film, subtil à l'instar de l'anamorphose qui nécessite souvent l'acuité du regard pour être décelée, voir au-delà de l'évidence, est porté par une réalisation émérite et un trio d'acteurs qui ne le sont pas moins : Patrick Lapp, oeil de reptile pour camper un homme cynique et égocentrique qui se délite, Carmen Maura, au jeu sensible et épatante dans le registre tragi-comique, et, dans son premier rôle, le prometteur Ivan Georgiev.

Sans prologue ni véritable épilogue, une voiture qui roule dans la nuit, il se clôt sur la chanson "Dansez sur moi" de Claude Nougaro. "Que la vie soit feu d'artifice et la mort un feu de paille"...

 

MM         
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