Let it Go : rencontre autour d’un clip avec Mathilde Vrech alias Naylor

En mars dernier, j’ai déjà eu l’occasion de vous vanter les qualités de Aube, le premier EP de Naylor un disque que je qualifiais de "fait avec âme", peut-être aurais-je du écrire "avec amour", mais une amie était déjà l’auteur d’un "make with love".

Quelques temps après cette chronique, Daniel, un de mes bons amis, fervent auditeur de L’Arbre à Kiwis, Pagan Poetry et Tulla Larsen, me conseillait de contacter Mathilde pour en savoir plus sur la genèse de ce mini-album et les projets à venir de cette jeune artiste.

Cette rencontre s’est articulée autour de la sortie du clip "Let it go" que Froggy’s Delight a le plaisir de vous présenter en avant-première. Réalisé par Anaïs Antoine, ce film présente une Naylor en personnage nocturne, tour à tour proie et chasseresse, mais je préfère vous laisser le plaisir d’en découvrir vous-même les images.

De Mathilde Vrech, je pourrais vous dire qu’elle est chanteuse et violoniste de profession, diplômée du conservatoire de Toulouse en violon et en alto, qu’elle a également étudié la technique vocale et l’improvisation au violon et à la voix, lors de master classes.

Mais la perception que j’ai eue de Mathilde au cours de notre rencontre est assez différente. J’ai eu le plaisir de rencontrer une jeune femme d’une trentaine d’années, accessible, chaleureuse, déterminée et d’une grande simplicité. Mathilde ne se résume pas à une énumération de diplômes qui aurait pu en faire une musicienne douée mais formatée. C’est l’histoire d’une jeune femme qui s’enrichit au fil des rencontres.

Elle naît dans une famille où la musique n’est pas omniprésente. Sa marraine musicale est une voisine qui l’initie à la musique classique en échange de cours de bricolages donnés à son fils par le père de Mathilde. L’éveil de cette passion la conduit au conservatoire où à l’âge de 14 ans, elle va rencontrer sa mère spirituelle, une chanteuse lyrique qui va lui offrir les clés des techniques vocales.

Au sein du Conservatoire, si elle poursuit ses études avec succès, elle se sent vite à l’étroit. Nulle envie de devenir une bête de concours ou une "fonctionnaire" d’orchestre, mais un besoin de composer de faire vivre ses propres créations.

Un partenariat entre le conservatoire de Toulouse et un festival de jazz lui ouvre de nouveaux horizons. La découverte de Wynton Marsalis la marque profondément. Mathilde ne souhaite pas se limiter à un genre de musique. De même, elle se refuse à choisir entre le violon et la voix. L’alto lui permet d’ailleurs de combiner ses différentes envies. Moins "virtuose" que le violon, l’alto est un instrument plus chaleureux dont on peut jouer comme d’une voix.

Autre rencontre déterminante : celle du saxophoniste de jazz David El Malek. Elle l’accompagne à l’alto, poursuit sa découverte du jazz et s’initie à la fusion du folklore juif et des percussions orientales. A cette même époque, elle a le plaisir de jouer au New Morning notamment.

Depuis 2004, elle participe à de nombreux projets, en tant que chanteuse ou violoniste, sur les scènes jazz, pop, musiques improvisées et musiques du monde. Son parcours musical s’est ainsi enrichi de rencontres avec des musiciens tels que Phil Woods, Richard Galliano, Omara Portuondo, Jules Bikôkô, ou Ali Alaoui, qu’elle a eu la chance d’accompagner sur scène.

En tant qu’altiste du groupe Moultaqa Salam, elle effectue de nombreux concerts au Maroc et en Europe. Plus récemment, elle devient chanteuse du groupe L’arbre à kiwis, groupe qui se produira sur scène avec la chanteuse Karen Lano, et le groupe Pagan Poetry.

L’envie de composer demeure toutefois très fort chez Mathilde Vrech. Afin de marquer une césure avec sa carrière de musicienne "accompagnatrice", elle adopte alors le pseudonyme de Naylor, le nom d’épouse de son arrière-grand-mère.

De cette irrésistible envie est née Aube, un très beau disque qui peut être considéré comme la synthèse du parcours de Mathilde. Un disque fait totalement seule, où la voix joue un rôle central et qui bénéficie aussi de cordes très enveloppantes, un très joli voyage musical. Ce disque, Mathilde le défend avec ferveur, mais comme beaucoup d’artistes elle se projette déjà dans les titres à venir.

Rien de précis pour l’instant, mais des envies de synthé et peut-être d’électro. Elle avoue une réelle admiration pour la façon dont Jeanne Added a su concilier exigence musicale et succès public.

Pas d’influence directe toutefois, Mathilde consigne rêves, idées et sensations dans un cahier. Elle en tirera peut-être les textes des morceaux à venir. Sensible à la poésie de la rue, ses mélodies lui viennent essentiellement quand elle est en mouvement.

Allez la voir en live, elle qui a foulé d’immenses scènes et qui a l’humilité de recommencer à jouer dans des salles à dimension humaines et surtout, découvrez Aube.

Hâte de suivre la suite de vos aventures musicales et encore merci pour ce moment de partage chère Naylor.