Spectacle conçu et interprété par Nicolas Lambert accompagné par Erwan Temple et le musicien Eric Chalan.
"Le maniement des larmes" constitue le dernier volet d'une trilogie intitulée "Bleu-Blanc-Rouge,
l'a-démocratie" dans laquelle Nicolas Lambert aborde des sujets sensibles ressortant aux stratégies étatiques géo-politico-commerciales.
Après le pétrole ("Elf, la pompe Afrique") et le nucléaire ("Avenir radieux, une fission française"), il cible la vente d'armes et non pas tant sa problématique tenant notamment au soutien de l'industrie militaire privée pour pallier la faiblesse des commandes nationales et de l'éventuelle contradiction avec les choix de politique étrangère afférents aux zones de conflit, mais d'un topique convenu, celle des scandales politico-financiers qui l'accompagne.
Car les Etats exportateurs d'armes, dans le peloton duquel figure la France, usent des méthodes et expédients des trafiquants d'armes avec intervention d'intermédiaires ayant pignon sur rue et versement de commissions occultes suspectées d'alimenter les partis politiques.
Nicolas Lambert n'a procédé à l'écriture ni d'une partition synthétique et argumentative ressortant au théâtre documentaire, ni d'une fiction théâtrale édifiante s'apuyant sur des faits réels, mais à la compilation de reportages, interviews, discours et bribes d'écoute téléphoniques relatifs à quelques événements, au demeurant anciens au regard de la mémoire de poisson rouge contemporaine.
Ainsi sont évoqués l'attentat de Karachi en 2002, l'enquête sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995 et la réception en 2007 par Nicolas Sarkozy du leader libyen avec la concomitance de la signature de contrats d'armement et la libération des infirmières bulgares, auxquels s'ajoute in fine une dispensable lecture d'extraits de l'intervention-manifeste pour le désarmement nucléaire de Michel Rocard, à la conférence internationale sur l'arme nucléaire de 2014.
Bien qu'il soit accompagné par Erwan Temple et le musicien Eric Chalan, par ailleurs compositeur et interprète à la contrebasse électronique d'un habillage musical omniprésent et invasif, qui campent les membres muets d'une salle de rédaction ou d'un centre d'écoute, le spectacle se présente comme un seul en scène humoristique.
En effet, Nicolas Lambert interprète tous les personnes dont il rapporte les interventions, et ce, dans le registre caricatural des Guignols de l'Info de Canal Plus par l'imitation appuyée de leurs tics et mimiques. En réduisant la personne à un personnage, ce parti-pris fait rire mais tend à distraire et à amoindrir la lénifiance et le cynisme des propos relatés. |