Mais comment fait-elle ? France de Griessen est de cette espèce qu’on aime nommer "artiste complète", comme s’il en existait d’incomplète… Mais elle, si vous lui laissez par mégarde une boîte de conserve et une plume, elle en fera une époustouflante machine à rêve. Elle est de ces artistes dont la capacité créative n’a de limite que les trébuchantes nécessaires à la diffusion de ses ouvrages.
Et à choisir entre livre et disque, la belle ne se pose pas la question, pourquoi pas un livre-disque ? C’est donc armée de sa guitare et de ses chansons qu’elle s’en vogue à Los Angeles et s’enferme avec le producteur et musicien Jamie Candiloro pour accoucher de ce carnet de route musical : Orphéon.
Amis de la culture, bonjour : un orphéon est une chorale de moult-mille personnes, un peu comme si tous les participants à la Foire du Trône se mettaient à entonner une joyeuse drille d’une même voix, du coup, j’imagine que les mutli-zaine de supporter en tee-shirt lycra fluos et perruques sentant la sueur et la bière du dernier match peuvent également être qualifiés d’orphéon.
Mais que vient faire France de Griessen là-dedans ? Son album serait plutôt à l’image d’un félin se languissant au soleil, méprisant le commun des mortels grouillant sous la pluie de ses urgences inutiles. Justement, Orphéon est une invitation au ralenti, à la ballade dans les étendues californiennes, en guitare et en voix, une aquarelle folk et poétique toute en cordes et en flow rassurant.
Qualifiant elle-même sa création de folk sauvage, France de Griessen se livre à cœur ouvert et l’âme à nue dans Orphéon. Entre poétesse torturée et romanesque aventurière, l’artiste se jette aux épines des roses autant qu’elle se repose sur la fragilité des pétales. Comme l’oiseau empalé sur la plus belle rose, lui donnant son sang pour qu’elle irradie de passion, rose cueillie par l’éperdu et rejetée par la méprisante. France de Griessen sublime la cruauté en notes célestes.
Son rock est délicat, sa folk est raffinée, elle crée sa musique comme une peinture, délicate dans les traits, fragile dans la coloration, ses aquarelles parlent à l’intuition des sens.
Et ce n’est pas tout, parce que la belle n’invite pas seulement à la frivolité, Orphéon porte aussi des promesses de combat et de lutte contre les injustices : "une épine dans mes cheveux cachée" ("L'épine"), des batailles perdues d’avance et des deuils iniques ("Civil war").
Les visuels travaillés et arrangements millimétrés laissent la place à l’ivresse des sens, à faire émerger des envies coupables de margarita de minuit, de saucisson apéritif et de bains sans latex.
# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps
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