Spectacle écrit et mis en scène par Oscar Gómez Mata, avec Pierre Banderet, Valeria Bertolotto, Claire Deutsch, Vincent Fontannaz, Christian Geffroy Schlittler, David Gobet, Camille Mermet, Aurélien Patouillard et Bastien Semenzato. Le metteur en scène Oscar Gómez Mata indique créer des spectacles "à vivre et à voir" qui "sont rarement consensuels" en explorant "la dissolution de l'oeuvre" dans le public, donc des spectacles clivants.
Tel est le cas de "Le Direktør" adapté du scénario et du film éponyme de Lars Von Trier, comédie de bureau caustique sur les problématiques post-modernes du monde du travail déclinées dans une intrigue extravagante.
Ainsi, un homme peu scrupuleux et lâche a créé une start up informatique devenue florissante avec les fonds et le savoir faire d'amis qui sont devenus ses employés tout leur faisant croire qu'il n'était que le factotum d'un grand directeur invisible.
Engagé dans une cession de parts incognito entraînant un licenciement collectif, il a besoin de la matérialisation du bouc émissaire patronal et recourt à un périlleux stratagème, propice à la sanction de l'arroseur arrosé, en engageant un acteur pour jouer ce rôle qui, de surcroît, se pique au jeu.
Misant sur la carte du comique tous azimuts et pleins feux, accentuant le grotesque de personnages caricaturaux et usant du burlesque sans limite, Oscar Gómez Mata décline l'opus dans un décor clinique qui évoque davantage le milieu hospitalier qu'un espace détente dans lequel s'épanouit un microcosme débridé de "créatifs" en rupture avec le principe de réalité.
Et officient de formidables comédiens, qui semblent en roue libre dans une machine à jouer emballée sur une musique techno de rave party. En premier lieu, ceux qui campent un quintet d'adulescents névrosés voire psychotiques : Claire Deutsch en complexée dépressive, Camille Mermet en ravie de la crèche, Valeria Bertolotto en hystérique, Vincent Fontannaz en caractériel violent et Aurélien Patouillard en autiste.
Certains ne verront dans cette fresque borderline qu'une vaine agitation potache et gesticulatoire. D'autres seront conquis par cette jubilatoire et décomplexée satire sociale doublée d'une réflexion sur le théâtre que Oscar Gomez Mata mène par le procédé de l'aparté entre le couard dirigeant (Christian Geffroy Schlittler) et l'acteur imbu de "son art" (David Godet) lors de leurs points d'étape entre deux négociations avec l'acquéreur étranger colérique Pierre Banderet) et son traducteur affolé (Bastien Semenzato).
Donc à chacun sa vérité.
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