Comédie dramatique de Cyril Gely, mise en scène de Stephan Maldegg, avec André Dussollier, Niels Arestrup, Roman Kané, Olivier Sabin et Marc Voisin. Après une comédie de café-théâtre, "La véranda", Cyril Gely revient au théâtre de dialogue, dont il avait déjà tâté conjointement avec Eric Rouqette dans "Signé Dumas", en apposant sa seule signature sur "Diplomatie" qui s'inscrit dans le registre de la fiction historique.
Il s'empare d'un fait historique réel intervenu le 25 août 1944 et encore inexpliqué - le renoncement du Général von Choltitz, gouverneur de Paris, chargé de détruire Paris avant l'entrée des troupes alliées - pour imaginer qu'il résulterait de l'intervention convaincante du consul général de Suède, Raoul Nordling, qui oeuvra comme intercesseur entre les allemands et les FFI, sous forme d'une rencontre secrète.
Dans un décor de Stéphanie Jarre reconstituant une suite de l'Hôtel Meurice alors quartier général allemand et une mise en scène imparablement classique de Stephan Meldegg, ce n'est pas tant l'intrigue dont l'issue est connue, Paris ne brûlera pas, qui prime.
Ni les thématiques, génératrices de confrontations musclées et sujets de vrais débats tant juridico-politiques qu'humains, certes intemporelles mais classiques elles aussi, quiy sont abordées, telles l'obéissance inconditionnelle du militaire et le refus d'exécuter un ordre illégal, la force brutale et la négociation, ou l'éthique du droit de la guerre pour éviter les victimes civiles.
Car le texte de Cyril Gely, qui connaît les limites du genre, offre une partition pour deux comédiens hors norme qui trouvent en l'espèce deux figures à investir de leur talent pour aller au-délà de l'anecdotique ou du pseudo-historique et tenter d'esquisser le profil de l'homme de bonne volonté.
Massif et poussif, mais fascinant, Niels Arestrup s'empare de la problématique du général prussien pris en étau entre la raison, le devoir et le coeur, effondré face à une débâcle qui n'est pas que militaire, à l'effondrement de ses valeurs et de ses certitudes et au fourvoiement aveugle de son pays passé sous la domination d'un aliéné.
En contrepoint, André Dussollier, physique sec, costume noir de prêcheur protestant, voix douce mais ferme, revisite le personnage du diplomate, fort de ses convictions humanistes et de sa mission plénipotentiaire, qui avance ses pions sur l'échiquier avec l'intelligence rhétorique et l'assurance que donne la bonne conscience du ressortissant d'un pays neutre certain de son bon droit.
Deux comédiens au jeu et à la présence différentes qui prouvent que le théâtre réussi, notamment dans cette déclinaison duale, est souvent question d'alchimie. |