Comédie dramatique de Zinnie Harris, mise en scène de Guy Pierre Couleau, avec Anne Le Guernec, Pascal Durozier, Philippe Mercier, Philippe Cousin et David Boissel.
La guerre. Une femme échange une carcasse de cheval contre un enfant qu’elle adopte. Son mari, le conflit fini, réapparait avec une vue déclinante. Bientôt, des secrets vont ressurgir pour incendier ce couple et cette famille.
Zinnie Harris a écrit avec "Hiver" une pièce énigmatique, incandescente et poétique, qui parle avec concision de l’enfance et de la mort, de la violence de la guerre. On assiste à une métamorphose chez chacun des personnages. Pour l’auteur britannique, qui enchevêtre ici de nombreux thèmes, de la noirceur des ténèbres viendra la lumière.
Sur un parquet flottant de bois blanc, devant les contours de la maison aux traits symboliques d’un dessin d’enfant (superbe travail de Raymond Sarti), vont se jouer les destins croisés des membres d’une famille en reconstruction, aussi mutilée que la vie après la guerre.
La mise en scène de Guy Pierre Couleau transmet bien ce bouillonnement et cette atmosphère étrange où dans la brume des marais, s’échappe une fumée. Si l’on excepte quelques effets un peu trop appuyés, on peut assister à un spectacle, certes aidé de gros moyens, mais efficace et dense qui nous captive, nous liant au destin de ces personnages que l’auteur ne sauve pas, comme il ne les condamne pas non plus.
L’ambiance est lourde, forte et haletante. Les comédiens sont absolument captivants, d’une Maud, complexe et à vif (impressionnante Anne Le Guernec), à l’enfant (inquiétant David Boissel), en passant par Léonard le grand-père (Philippe Mercier, formidablement ambigu) ou Philippe Cousin (le père, dont la force brute se délabre).
On sort groggy, sous le choc de ce drame vénéneux et d’un spectacle frappant à la scénographie étonnante. |